Comment réduire le risque d’un cancer du colon ?
Le cancer colorectal est le 3ᵉ cancer le plus fréquent en France, avec 43 000 nouveaux cas enregistrés en 2018, et 17 000 décès. Sa fréquence est en nette augmentation ces dernières années, en relation avec l’exposition de plus en plus importante à certains facteurs de risque. Cela est notamment observé en France, comme dans tous les pays occidentaux, à cause du mode de vie favorisants, de facteurs environnementaux, en plus de l’âge élevé de la population.
Comme beaucoup de cancers, il est très souvent silencieux et évolue à bas bruit. Pourtant à titre individuel vous avez les moyens de diminuer votre risque.
Pour cela plusieurs leviers :
- Diminuer certains facteurs de risque qui sont de mieux en mieux connus
- Effectuer un dépistage tous les 2 ans à partir de 50 ans
- Effectuer une surveillance plus importante si vous êtes dans un groupe à risque
- Repérer les signes précoces de cancer
Qu’est-ce qu’un cancer colorectal ?
On appelle cancer colorectal, toute prolifération cancéreuse qui prend origine au niveau de la muqueuse tapissant le colon, appelé gros intestin, ainsi que son réservoir terminal, nommé rectum.
Il se développe souvent à partir de masses bénignes, qu’on appelle polypes, qui subissent des mutations génétiques, leur donnant un caractère de malignité. Néanmoins, il reste à noter que 90% des polypes restent bénins, et que leur résection diminue le risque de survenu de cancer colorectal.
Symptômes du cancer colorectal
Sur le plan clinique, le cancer colorectal se développe malheureusement en silence et ne présente pas de symptômes spécifiques.
Il peut ainsi causer des troubles de transit de type constipation ou diarrhée. Il cause fréquemment des saignements digestifs minimes, qui passent souvent inaperçu. Ces saignements peuvent causer une anémie ferriprive inexpliquée, et rebelle au traitement.
Dans certaines situations, les patients peuvent avoir des douleurs abdominales, vomissements et perte de poids.
Ces signes étant souvent minimes, non spécifiques ou absents jusqu’à un stade avancé, font que le dépistage reste la seule mesure fiable pour détecter précocement le cancer.
Quels sont les facteurs de risque du cancer colorectal ?
Aujourd’hui les facteurs de risque sont bien identifiés et on a pu en mesurer les effets.
Il existe plusieurs facteurs augmentant le risque de survenue du cancer colorectal. Ces facteurs peuvent être non modifiables, lié à l’individu lui-même ou à ses antécédents familiaux. Ils peuvent également être modifiables lorsqu’ils sont en relation avec le mode de vie ou l’environnement de la personne.
Les facteurs de risque non modifiables
- Âge
Malgré sa survenue chez des sujets de plus en plus jeunes ces dernières années, le cancer colorectal reste nettement plus fréquent après 50 ans, particulièrement chez les hommes.
- Antécédents de polype
Malgré leur nature bénigne, les polypes risquent de se transformer en cancer par des mutations génétiques. Ce risque de transformation sera apprécié selon la nature, l’aspect et le volume du polype.
Néanmoins, la résection d’un ou deux petits polypes hyperplasiques, peut être considérée comme facteur protecteur, du fait du contrôle coloscopique et élimination du polype.
- Certaines pathologies
Il existe une relation entre certaines maladies et le risque de survenue de cancer colorectal. Parmi ces maladies : diabète de type 2, maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI), mucoviscidose, acromégalie, transplantation d’organe et radiothérapie.
- Antécédents familiaux
La présence d’antécédents de cancer colorectal chez les parents de premier degré augmente considérablement le risque d’atteinte, surtout en cas de survenue avant 50 ans. Cette relation peut être liée au caractère familial du cancer. Mais dans certains cas, le risque de survenue est directement lié à des troubles génétiques transmis. Ces patients doivent être détectés et suivis précocement, avec possibilité de colectomie prophylactique.
Les facteurs de risque modifiables
50% des cancer colorectaux peuvent être évités en contrôlant ces facteurs de risques
- Alimentation
Les études suggèrent que les viandes rouges, et surtout les viandes transformées (charcuteries, viandes salées, fumées, séchées) ont un effet cancérogène. Cet effet peut être renforcé en cas de cuisson de type barbecue ou de viande “bien cuite”. Ainsi, il est conseillé de ne pas dépasser 500 g de viandes rouges et 150 g de charcuteries par semaine.
De plus, le surpoids et l’obésité, qui peuvent être liés à toutes les mauvaises habitudes alimentaires, sont considérés comme facteur de risque du cancer colorectal.
- Alcool et tabac
Il existe une relation dose-effet entre la consommation de l’alcool et la survenue de cancer colorectal. Le risque est d’autant plus important pour les consommations excessives.
De même, la quantité, ainsi que la durée de consommation du tabac, augmentent de 20% le risque de cancer colorectal, avec une relation dose-dépendante. Le sevrage diminue le pourcentage de (sur-risque), mais ce dernier persiste jusqu’à 25 ans.
- Pollution
L’air pollué avec des particules fines en suspension est considéré comme facteur de risque prouvé de cancer colorectal. De plus, la pollution de l’eau de boisson et la présence de taux élevés de nitrates augmentent aussi le risque de survenue de cancer colorectal.
Facteurs protecteurs
Comme il existe des facteurs qui augmentent le risque d’atteinte par un cancer colorectal, il existe aussi d’autres facteurs réduisant ce risque, appelé facteur protecteurs. Ceci inclut :
- Aliments riches en fibres
La consommation régulière de céréales complètes, légumes et fruits diminuent le risque de cancer colorectal
- Produits laitiers
Les études ont démontré le rôle protecteur du lait d’origine animale, ainsi que les yaourts et fromages, à l’exception du beurre, des desserts lactés et de la crème fraîche.
- Activité physique
Une activité physique régulière réduit de 19 % le risque de cancer colorectal.
Dépistage du cancer colorectal
Le non-dépistage du cancer colorectal peut également être considéré comme facteur de risque important. En fait, ce dépistage permet de réduire l’incidence et surtout la mortalité du cancer colorectal, grâce à la découverte et la prise en charge précoce et optimale.
Quand procéder au dépistage ?
Le dépistage du cancer colorectal est recommandé pour toute la population à partir de l’âge de 50 ans et tous les 2 ans. En cas d’antécédents de maladie inflammatoire chronique intestinale, de polypose ou de cancer colorectal, le dépistage pourrait être recommandé 5 ans, ou plus, avant cet âge. Votre médecin traitant peut vous informer sur la nécessité de dépistage avant 50 ans selon vos antécédents.
En France, une invitation au dépistage est envoyée par courrier à chaque intéressé. Ce dépistage est pris en charge à 100 % par l’Assurance Maladie. Détecté tôt un cancer colorectal se guérit dans 9 cas sur 10.
Méthodes de dépistage du cancer colorectal
Le dépistage du cancer colorectal pour tous les sujets de plus de 50 ans se fait par test immunologique fécal. C’est un test simple, consistant à un prélèvement d’un seul échantillon de selles chez soi, avec un kit de prélèvement et à l’envoyer au laboratoire de biologie médicale. Si vous avez des hémorroïdes qui provoque des saignements, cela ne gène pas le test.
Selon les données se l’institut National du Cancer :
- dans 96% des cas le test est négatif.
- dans 4% des cas le test est positif, cela n’indique pas que vous avez un cancer, mais impose une coloscopie pour vérifier.
Pour certains sujets à risque élevé, le dépistage peut se faire par coloscopie exploratrice en première intention.
Votre médecin traitant vous orientera selon votre âge et vos antécédents pour réaliser le test de dépistage adéquat.
Conclusion
Le cancer colorectal, représentant la 2ᵉ cause de mortalité par cancer, est en nette augmentation en France comme dans les autres pays occidentaux. Le contrôle des facteurs de risques liés à la sédentarité, la mauvaise alimentation et la pollution pourrait réduire la moitié de cas de cancer colorectal. De plus, le dépistage garde une grande importance, et pourrait réduire de 30% l’incidence du cancer, et de 60% sa mortalité.
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