Peut-on à l’aide d’une analyse prévoir l’efficacité à l’avance d’une chimiothérapie chez une personne atteinte d’un cancer du sein ? C’est la promesse des tests génomiques apparus il ‘y a une dizaine d’années.
On sait à quel point les chimiothérapies peuvent être éprouvantes, alors pourquoi s’infliger un traitement lourd si cela ne sert à rien ?
Mais sommes-nous sûrs que cela ne diminue pas les chances de guérison pour la patiente si on ne fait pas cette chimio ?
Vous avez compris tout l’enjeu des tests génomiques et les questions qui en découlent.
Après des débuts très prometteurs de cette médecine du futur, on semble moins enthousiaste et cette technologie a du mal à s’imposer et à évoluer.
Le coût élevé (plus de 1000 €) et le non-remboursement de cet examen ne peuvent en faire un examen systématique.
Aujourd’hui où en est-on des indications et des résultats ?
Qu’est-ce qu’un test génomique ?
On sait que le cancer va modifier le matériel génétique des cellules tumorales
En analysant l’activité de certains gènes de la tumeur, on va déterminer quelles sont les personnes qui seront répondeuses ou non à une chimiothérapie.
Il faut donc faire un test sur un prélèvement de la tumeur, en général au moment de la chirurgie, et ne va pas nécessiter un acte supplémentaire.
Il ne faut pas confondre le test génomique, ou la génomique qui va aider à définir un traitement, avec la génétique qui va estimer le risque de développer un cancer.
Quel intérêt de faire un test génomique ?
Le test génomique va permettre d’orienter le traitement, en particulier de définir s’il faut ou pas effectuer une chimiothérapie. Si on ne fait pas de chimiothérapie, c’est que les essais cliniques ont montré qu’avec ou sans chimiothérapie les résultats ne montrent pas de différence, et que donc la chimiothérapie est inutile, avec ou sans, les chances de non-récidive sont les mêmes et il est donc inutile de subir les effets secondaires d’une chimiothérapie.
Cela pose 2 questions au cœur du débat actuel :
1 – Faut-il faire un test génomique ou pas ?
Toutes les équipes médicales ne demandent pas ce test, à cela plusieurs raisons.
- Ils se fient à des critères plus classiques pour définir si le patient a besoin de chimiothérapie ou pas.
- Les récentes études sont contrastées au niveau de la performance de ces tests par rapport à une décision sans test.
- La Haute Autorité de Santé en France n’a donc pas encore. Procédé à une prise en charge financière de ces tests, et attend plus de données.
Donc aujourd’hui il y a des équipes qui proposent ce test, d’autres pas.
2 – Si on ne fait pas de chimiothérapie, est-ce que l’on ne diminue pas les chances de guérison ?
C’est tout l’intérêt de ces tests. Les études montrent que non, il n’y a pas de perte de chances. Plusieurs grandes études randomisées l’ont prouvé.
Les indications du test génomique
Pourtant on constate que les indications de test ont plutôt régressées, car dans on estime que dans certains types de cancer la chimiothérapie est de toutes les façons préférable.
En effet l’indication d’un test est limitée à un certain type de cancer
- Les femmes ménopausées sans atteinte ganglionnaire ou avec 1 à 3 ganglions atteints ;
- Les femmes non ménopausées sans atteinte des ganglions ;
Pour vous donner une indication de fréquence, ces 2 catégories représentent 60% des cas de cancer, et 30% de ces patientes sont éligibles à un test génomique. Au total, après résultats, cela permet à environ 30% de patientes d’éviter la chimiothérapie.
En conclusion
Les tests génomiques représentent la médecine du futur et ont déclenché un grand enthousiasme. Après 10 ans, le bilan est plus contrasté.
- Cette technique n’a pas pu être développée pour d’autres cancers
- Certaines équipes estiment que le bénéfice n’est pas très nettement supérieur à des techniques de décisions plus conventionnelles.
- Les indications du test ont diminué
- Par ailleurs le prix élevé n’a pas diminué et n’est toujours pas remboursé.
Si vous ou vos proches êtes concernés, il faut en discuter avec votre équipe de soin, voir si ce test est indiqué dans votre cas, et s’il a un intérêt.
La technologie reste pour autant brillante et il faudra suivre les progrès et les études.
Biblio :
HAS : Utilité des signatures génomiques dans le cancer du sein
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