Entre révolutions thérapeutiques et désillusions retentissantes, le paysage de la recherche sur Alzheimer a connu des bouleversements majeurs depuis 2019. Décryptage d’une période charnière qui redessine l’avenir de cette maladie.
En tant que médecin, j’ai utilisé l’intelligence artificielle pour m’aider à rassembler et organiser les données issues d’une littérature scientifique immense sur la maladie d’Alzheimer. Ces nouveaux outils rendent enfin possible ce type d’article de synthèse sur des pathologies très étudiées, tout en laissant au médecin la responsabilité de vérifier, nuancer et valider chaque information.
Article rédigé par le Dr Michel Bensadoun,
L’auteur ne déclare aucun conflit d’intérêts concernant cet article.
La maladie d’Alzheimer représente aujourd’hui un défi sanitaire majeur. En 2019, environ 55,2 millions de personnes vivent avec une démence dans le monde, dont 60 à 70% seraient liées à la maladie d’Alzheimer selon l’Organisation mondiale de la santé [1]. Ce fléau vient de traverser une période aussi tumultueuse qu’historique. Entre 2019 et 2025, le domaine de la recherche a oscillé entre espoirs démesurés et chutes vertigineuses, révolutions thérapeutiques et échecs retentissants. Pour la première fois depuis des décennies, nous assistons à l’émergence de traitements qui s’attaquent réellement aux mécanismes de la maladie, tout en découvrant que certaines pistes jugées prometteuses se révèlent être des impasses coûteuses.
Cette période de cinq années restera dans les annales comme un tournant décisif. D’un côté, l’approbation de lecanemab et donanemab marque l’avènement d’une nouvelle ère thérapeutique. De l’autre, l’échec spectaculaire du semaglutide et de nombreux autres candidats médicaments rappelle cruellement la complexité de cette pathologie neurodégénérative. Mais au-delà de ces hauts et bas, c’est toute une approche scientifique qui se réinvente, portée par des technologies révolutionnaires comme les ultrasons focalisés et guidée par une médecine de précision enfin accessible grâce aux biomarqueurs plasmatiques.

Synthèse : trois révélations majeures qui redéfinissent la lutte contre Alzheimer
1. Le grand bilan des 5 dernières années : entre percées historiques et désillusions coûteuses
Les années 2019-2025 resteront marquées par un paradoxe saisissant. D’un côté, nous avons assisté à la première véritable révolution thérapeutique depuis l’introduction du donepezil il y a plus de vingt ans. L’approbation du lecanemab en janvier 2023, suivie de celle du donanemab en juillet 2024, a brisé une malédiction de près de deux décennies sans nouveau traitement modificateur de maladie [2]. Ces anticorps monoclonaux, qui s’attaquent directement aux plaques amyloïdes, ont démontré pour la première fois qu’il était possible de ralentir significativement le déclin cognitif.
Il s’agit d’un ralentissement du déclin clinique mesuré sur des échelles composites (CDR-SB pour Clinical Dementia Rating-Sum of Boxes, iADRS pour integrated Alzheimer’s Disease Rating Scale) sur 18 mois, avec des réductions respectives de 27% et 35% de la progression de la maladie [3]. Ces bénéfices, bien que modestes, ne concernent que les formes très précoces (MCI ou troubles cognitifs légers, et début d’Alzheimer). La majorité des patients au stade plus avancé ne sont pas concernés par ces traitements.
Mais cette euphorie s’est heurtée à une réalité implacable : le taux d’échec des essais cliniques demeure dramatiquement élevé, atteignant 99,6% selon une analyse récente [4]. L’année 2024 a été particulièrement cruelle avec l’échec retentissant du semaglutide de Novo Nordisk en novembre. Ce médicament révolutionnaire contre l’obésité et le diabète cristallisait tous les espoirs de repositionnement des agonistes GLP-1 (récepteurs du peptide-1 similaire au glucagon) dans les maladies neurodégénératives [5]. Malgré des investissements colossaux et des essais portant sur 3800 participants suivis pendant deux ans, les grands essais de phase III n’ont pas montré de bénéfice clinique significatif. Même lorsqu’un médicament améliore certains biomarqueurs, cela ne se traduit pas forcément par un bénéfice réel sur la mémoire et l’autonomie.
2. Les études qui font battre le cœur des chercheurs : un pipeline de 182 essais porteur d’espoir
Paradoxalement, jamais le pipeline de développement n’a été aussi fourni et diversifié. Selon l’analyse de référence de Cummings et ses collaborateurs, pas moins de 182 essais cliniques évaluent actuellement 138 médicaments candidats, soit une augmentation notable par rapport aux 164 essais de 2024 [6]. Cette effervescence témoigne d’un renouveau scientifique remarquable, porté par une diversification sans précédent des approches thérapeutiques.
Parmi les études les plus attendues, l’immunothérapie active anti-tau de Johnson & Johnson (JNJ-2056) représente une rupture conceptuelle majeure, visant à stimuler le système immunitaire du patient pour qu’il produise ses propres anticorps contre les protéines tau pathologiques [7]. Pour l’instant, ce vaccin est encore au stade d’essai intermédiaire (Phase IIb) sur une population très sélectionnée et n’a pas démontré qu’il améliorait la mémoire ou l’autonomie des patients. Cette approche pourrait néanmoins offrir des effets plus durables que les anticorps administrés passivement, tout en réduisant les coûts de traitement.
Il faut également mentionner l’abandon récent du programme simufilam de Cassava Sciences. Malgré une controverse scientifique majeure et des espoirs médiatiques considérables, les essais de phase III n’ont pas montré de bénéfice clinique, et le programme a été abandonné en mars 2025 [8]. Cet exemple illustre à quel point les espoirs médiatiques peuvent s’effondrer face à la réalité des données et souligne l’importance de la rigueur scientifique dans l’évaluation des nouveaux traitements.
3. Les nouvelles frontières de la recherche : quand l’innovation repousse les limites du possible
La recherche contemporaine sur Alzheimer se caractérise par une créativité scientifique remarquable, explorant des territoires jusqu’alors inexplorés. L’une des découvertes les plus fascinantes de 2025 provient de l’équipe de Jaime Grutzendler à Yale, qui a identifié dans les sphéroïdes axonaux une nouvelle cible thérapeutique prometteuse [9]. Ces structures en forme de bulles, qui se forment sur les axones en réponse aux plaques amyloïdes, bloquent la conduction électrique neuronale. L’équipe a démontré qu’en inhibant la voie mTOR (mechanistic Target of Rapamycin), hyperactive dans ces sphéroïdes, il était possible de les faire régresser, ouvrant une voie thérapeutique entièrement nouvelle qui dépasse le simple ciblage des plaques amyloïdes.
En deux phrases : Les sphéroïdes axonaux sont des « bulles » qui se forment sur les prolongements des neurones et bloquent la transmission des messages nerveux. Cibler ces structures pourrait améliorer rapidement la fonction cérébrale sans nécessairement éliminer toutes les plaques amyloïdes.
Parallèlement, les ultrasons focalisés émergent comme une technologie révolutionnaire. Les résultats publiés en janvier 2025 par l’équipe coréenne de Jin Woo Chang ont démontré qu’il était possible de réduire les plaques amyloïdes sans aucun médicament, simplement en ouvrant temporairement la barrière hémato-encéphalique grâce à des ultrasons non invasifs [10]. Cette approche, qui a permis d’améliorer les symptômes neuropsychiatriques chez 83% des patients traités, reste néanmoins expérimentale. Il s’agit aujourd’hui d’une approche testée dans quelques centres de recherche spécialisés, très loin d’un usage courant en pratique clinique.
La médecine de précision connaît également une accélération spectaculaire grâce aux biomarqueurs plasmatiques. Le p-tau 217 (protéine tau phosphorylée), désormais considéré comme un outil de triage extrêmement prometteur, permet d’identifier la maladie d’Alzheimer avec une précision équivalente aux biomarqueurs du liquide céphalorachidien, mais avec la simplicité d’une prise de sang [11]. Cet outil est en passe de transformer le diagnostic, mais reste encore en cours de standardisation et d’intégration dans les recommandations officielles.

À retenir de cette synthèse
✓ Les premiers vrais traitements : Lecanemab et donanemab ralentissent modestement la progression, mais uniquement aux stades très précoces
✓ Un pipeline d’espoir : 182 essais en cours explorent des approches révolutionnaires, mais la plupart restent expérimentales
✓ Des échecs instructifs : Semaglutide et simufilam rappellent que les espoirs médiatiques ne garantissent pas le succès clinique
✓ L’innovation en marche : Nouvelles cibles (sphéroïdes axonaux), technologies (ultrasons), et outils diagnostiques (biomarqueurs sanguins) redessinent l’avenir
Cette synthèse n’est que le prélude d’une exploration approfondie des bouleversements qui secouent la recherche sur Alzheimer. Plongeons maintenant dans les détails de cette révolution scientifique en cours.
I. Le grand bilan 2019-2025 : une décennie de contrastes saisissants
Les victoires historiques qui ont changé la donne
L’année 2023 restera gravée dans l’histoire de la neurologie comme celle qui a brisé une malédiction de vingt ans. L’approbation du lecanemab (Leqembi) par la FDA en janvier 2023 a marqué l’avènement du premier traitement véritablement modificateur de la maladie d’Alzheimer depuis des décennies [12]. Ce moment historique a été suivi, seize mois plus tard, par l’autorisation du donanemab (Kisunla) en juillet 2024, confirmant qu’une nouvelle ère thérapeutique s’ouvrait enfin pour les millions de patients et leurs familles [13].
Ces succès ne sont pas le fruit du hasard, mais l’aboutissement d’une révolution conceptuelle majeure dans l’approche de la maladie. Contrairement aux traitements symptomatiques traditionnels comme le donepezil ou la mémantine, qui se contentent d’atténuer temporairement les symptômes, ces nouveaux anticorps monoclonaux s’attaquent directement aux mécanismes pathologiques de la maladie. Le lecanemab cible spécifiquement les protofibrilles d’amyloïde-bêta, ces formes particulièrement toxiques de la protéine qui s’accumulent dans le cerveau des patients [14]. Le donanemab, quant à lui, se concentre sur les plaques amyloïdes pyroglutamate, une forme modifiée particulièrement résistante de ces dépôts protéiques [15].
Les résultats cliniques, bien que modestes, n’en sont pas moins révolutionnaires dans leur principe. L’essai CLARITY-AD du lecanemab a démontré une réduction de 27% du déclin cognitif sur 18 mois, mesurée par l’échelle CDR-SB [16]. Le donanemab a fait encore mieux avec une réduction de 35% de la progression de la maladie dans l’essai TRAILBLAZER-ALZ 2, particulièrement chez les patients aux stades les plus précoces [17].
Important à comprendre : Ces pourcentages correspondent à un ralentissement du déclin sur des scores cliniques composites qui évaluent à la fois la cognition et les capacités fonctionnelles. Il ne s’agit ni d’une stabilisation ni d’une amélioration, mais d’un ralentissement de la dégradation. L’effet absolu reste modeste et limité aux formes très précoces de la maladie.
Ce que ces traitements changent (ou pas) aujourd’hui
Pour un patient français au stade débutant :
- Accès possible via les centres mémoire spécialisés
- Nécessité d’un bilan complet (IRM, TEP-scan ou ponction lombaire)
- Perfusions mensuelles pendant 18 mois minimum
- Surveillance étroite des effets secondaires (ARIA : anomalies d’imagerie liées à l’amyloïde)
- Coût élevé (environ 26 000€/an pour le lecanemab)
- Remboursement en cours d’évaluation par la HAS
Pour un patient au stade modéré ou avancé : Aucun de ces nouveaux traitements n’est indiqué. La prise en charge reste centrée sur les traitements symptomatiques existants, l’adaptation de l’environnement, et le soutien aux aidants. Les approches non médicamenteuses (stimulation cognitive, activité physique adaptée, maintien du lien social) demeurent essentielles.
L’innovation technologique au service du diagnostic
Parallèlement à ces avancées thérapeutiques, la période 2019-2025 a été marquée par une révolution diagnostique silencieuse mais fondamentale. L’émergence des biomarqueurs plasmatiques, et particulièrement du p-tau 217, a transformé radicalement l’approche diagnostique de la maladie d’Alzheimer [18]. Cette protéine tau phosphorylée, détectable par une simple prise de sang, présente une précision diagnostique équivalente aux biomarqueurs du liquide céphalorachidien, traditionnellement considérés comme la référence [19].
En deux phrases : Les biomarqueurs plasmatiques sont des protéines anormales détectables dans le sang qui signalent la présence de la maladie d’Alzheimer. Ils permettent un diagnostic plus simple et moins invasif qu’une ponction lombaire, mais leur utilisation en routine clinique est encore en cours de validation.
Cette révolution diagnostique s’accompagne d’innovations technologiques remarquables. L’approbation en 2022 du patch transdermique de donepezil (Adlarity) illustre parfaitement cette tendance à l’amélioration de l’expérience patient [20]. Cette forme galénique innovante permet de contourner les effets secondaires gastro-intestinaux fréquents avec les formes orales, tout en maintenant une efficacité thérapeutique optimale.
Les échecs retentissants qui ont marqué la période
Mais cette période faste n’a pas été exempte de déceptions majeures, parfois d’autant plus amères qu’elles concernaient des approches jugées particulièrement prometteuses. L’échec du semaglutide en novembre 2024 restera comme l’une des désillusions les plus retentissantes de cette période [21]. Ce médicament révolutionnaire contre l’obésité et le diabète, commercialisé sous le nom d’Ozempic, cristallisait tous les espoirs de repositionnement thérapeutique dans les maladies neurodégénératives.
Les agonistes du récepteur GLP-1 comme le semaglutide avaient montré des effets neuroprotecteurs remarquables dans les modèles animaux, réduisant l’inflammation cérébrale, améliorant la résistance à l’insuline neuronale et favorisant la survie neuronale [22]. Des études épidémiologiques avaient même suggéré que les patients diabétiques traités par ces médicaments présentaient une incidence réduite de maladie d’Alzheimer et de Parkinson [23]. L’essai EVOKE de Novo Nordisk, portant sur 3800 participants suivis pendant deux ans, représentait l’un des investissements les plus importants jamais réalisés dans le repositionnement de médicaments pour Alzheimer.
L’échec a été d’autant plus cuisant qu’il était total : aucun effet sur l’échelle CDR-SB, pourtant l’étalon-or pour mesurer la progression de la maladie [24]. Cette déception illustre parfaitement les limites du repositionnement de médicaments : même lorsqu’un traitement améliore certains biomarqueurs ou montre des effets prometteurs en laboratoire, cela ne se traduit pas forcément par un bénéfice réel sur la mémoire et l’autonomie des patients.
Le cas du simufilam de Cassava Sciences constitue un autre exemple édifiant. Malgré une controverse scientifique majeure concernant la validité des données précliniques et des espoirs médiatiques considérables, les essais de phase III n’ont pas montré de bénéfice clinique. Le programme a été abandonné en mars 2025, illustrant à quel point les espoirs médiatiques peuvent s’effondrer face à la réalité des données [25]. Cette affaire souligne l’importance cruciale de la rigueur scientifique et de la transparence dans l’évaluation des nouveaux traitements.
L’évolution du paysage épidémiologique et les barrières d’accès
Au-delà des aspects purement thérapeutiques, la période 2019-2025 a également été marquée par une prise de conscience des inégalités d’accès aux nouveaux traitements. Même lorsqu’un médicament existe et montre une efficacité, cela ne garantit pas son accessibilité. Le NHS britannique a ainsi refusé le remboursement du lecanemab et du donanemab, jugeant leur rapport coût-efficacité insuffisant [26]. Cette décision illustre les barrières organisationnelles et économiques qui limitent l’accès aux innovations thérapeutiques.
Les nouveaux traitements nécessitent en effet une infrastructure lourde : centres spécialisés équipés pour les perfusions, accès à l’imagerie cérébrale avancée (IRM, TEP-scan), personnel formé au suivi des effets secondaires spécifiques comme les ARIA. Cette complexité organisationnelle crée de facto une médecine à deux vitesses, où l’accès aux innovations dépend autant de la géographie et du système de santé que de l’indication médicale.
Les leçons tirées des échecs
L’analyse rétrospective de ces cinq années révèle des enseignements précieux pour l’avenir de la recherche. L’échec du semaglutide, en particulier, illustre les limites du repositionnement de médicaments, même lorsque les bases scientifiques semblent solides. Daniel Drucker, expert mondial des GLP-1 à l’Université de Toronto, souligne que « stopper un processus neurodégénératif après qu’il ait commencé est une tout autre histoire » que la prévention [27]. Cette observation met en lumière l’importance cruciale de la fenêtre thérapeutique et de l’intervention précoce dans les maladies neurodégénératives.
Les échecs répétés des anticorps anti-amyloïde autres que le lecanemab et le donanemab révèlent également la subtilité des mécanismes en jeu. Tous les anticorps ne se valent pas : leur spécificité pour différentes formes d’amyloïde-bêta, leur capacité à pénétrer dans le cerveau et leur mécanisme d’élimination des plaques varient considérablement [28]. Cette hétérogénéité explique pourquoi certains anticorps réussissent là où d’autres échouent, malgré une cible apparemment identique.
À retenir de cette section
✓ Première vraie percée : Lecanemab et donanemab ralentissent modestement la progression, mais uniquement aux stades très précoces
✓ Accès limité : Infrastructure lourde, coûts élevés, remboursements variables selon les pays
✓ Échecs instructifs : Semaglutide et simufilam rappellent l’importance de la rigueur scientifique
✓ Révolution diagnostique : Les biomarqueurs sanguins simplifient le diagnostic mais restent en cours de validation
✓ Inégalités persistantes : L’innovation ne garantit pas l’accessibilité pour tous les patients

II. Les études qui font battre le cœur des chercheurs : un pipeline d’espoir sans précédent
Un momentum scientifique exceptionnel
L’année 2025 marque un tournant historique dans l’intensité de la recherche sur Alzheimer. Jamais le pipeline de développement n’a été aussi fourni et diversifié qu’aujourd’hui. Selon l’analyse de référence publiée par Jeffrey Cummings et ses collaborateurs, pas moins de 182 essais cliniques évaluent actuellement 138 médicaments candidats, représentant une augmentation notable par rapport aux 164 essais recensés en 2024 [29]. Cette effervescence témoigne d’un renouveau scientifique remarquable, porté par l’optimisme généré par les récents succès thérapeutiques et une diversification sans précédent des approches.
Ce qui frappe particulièrement dans cette analyse, c’est l’explosion de l’activité en Phase 1, avec 48 essais évaluant 45 médicaments, soit près du double par rapport à 2024 (26 essais, 25 médicaments) [30]. Cette augmentation spectaculaire de l’activité précoce suggère un regain de confiance des investisseurs et des laboratoires pharmaceutiques dans le potentiel thérapeutique de cette indication. L’industrie pharmaceutique finance désormais 62% de tous les essais cliniques du pipeline, avec une implication particulièrement marquée en Phase 3 (75% des essais) [31].
La diversité des approches thérapeutiques constitue l’autre caractéristique remarquable de ce pipeline 2025. Pas moins de 15 catégories de processus pathophysiologiques sont ciblées selon la classification CADRO (Common Alzheimer’s Disease Research Ontology), illustrant l’abandon progressif d’une approche mono-cible au profit de stratégies plus holistiques [32]. Cette diversification reflète une compréhension croissante de la complexité multifactorielle de la maladie d’Alzheimer et de la nécessité d’explorer des voies thérapeutiques alternatives.
Les essais Phase 3 qui pourraient changer la donne
Parmi les 48 essais de Phase 3 actuellement en cours, plusieurs se détachent par leur potentiel révolutionnaire et leur approche innovante. Le nilotinib représente une approche fascinante de repositionnement thérapeutique. Initialement développé comme inhibiteur de tyrosine kinase pour traiter la leucémie myéloïde chronique, ce médicament a montré des propriétés neuroprotectrices inattendues [33]. Son mécanisme d’action dans Alzheimer reposerait sur l’activation de l’autophagie, ce processus cellulaire de « nettoyage » qui permet d’éliminer les protéines toxiques et les organelles défaillantes.
En deux phrases : L’autophagie est le système de recyclage naturel des cellules qui élimine les déchets et les protéines endommagées. Stimuler ce processus pourrait aider le cerveau à se débarrasser des protéines toxiques qui s’accumulent dans Alzheimer.
L’équipe de Georgetown University, menée par Charbel Moussa, a publié des résultats préliminaires encourageants suggérant que le nilotinib pourrait réduire les niveaux de protéines tau et amyloïde tout en améliorant les fonctions cognitives [34]. Cependant, ces résultats restent à confirmer dans des essais de plus grande envergure.
L’approche du masupirdine de Suven Life Sciences illustre parfaitement la diversification des cibles thérapeutiques. Cet antagoniste sélectif du récepteur 5-HT6 vise à améliorer la neurotransmission cholinergique et glutamatergique, deux systèmes cruciaux pour la mémoire et l’apprentissage [35]. Les récepteurs 5-HT6 sont particulièrement abondants dans l’hippocampe et le cortex, régions cérébrales précocement affectées dans Alzheimer. Les études précliniques ont montré que le blocage de ces récepteurs pouvait améliorer les performances cognitives et réduire les déficits de mémoire dans les modèles animaux d’Alzheimer [36].
L’immunothérapie active : Une révolution conceptuelle en marche
L’une des approches les plus prometteuses du pipeline actuel concerne l’immunothérapie active, illustrée par le JNJ-2056 de Johnson & Johnson [37]. Contrairement aux anticorps monoclonaux administrés passivement comme le lecanemab ou le donanemab, cette approche vise à stimuler le système immunitaire du patient pour qu’il produise ses propres anticorps contre les protéines tau pathologiques. Cette stratégie présente plusieurs avantages théoriques majeurs : des effets potentiellement plus durables, une réduction des coûts de production et d’administration, et une activation plus physiologique du système immunitaire.
En deux phrases : L’immunothérapie active fonctionne comme un vaccin qui apprend au système immunitaire à reconnaître et attaquer les protéines toxiques d’Alzheimer. Contrairement aux anticorps injectés, cette approche stimule la production d’anticorps par le patient lui-même.
Le concept d’immunothérapie active n’est pas nouveau dans Alzheimer, mais les premières tentatives dans les années 2000 avec l’AN1792 avaient été interrompues en raison d’effets secondaires graves, notamment des méningoencéphalites [38]. Les nouvelles générations de vaccins, comme le JNJ-2056, ont été conçues pour éviter ces écueils en ciblant spécifiquement les formes pathologiques des protéines tout en préservant leurs fonctions physiologiques normales.
Important : Pour l’instant, ce vaccin est encore au stade d’essai intermédiaire (Phase IIb) sur une population très sélectionnée et n’a pas démontré qu’il améliorait la mémoire ou l’autonomie des patients. La désignation « fast-track » accordée par la FDA témoigne de l’intérêt réglementaire, mais ne préjuge pas du succès final.
Les thérapies combinées : Vers une approche multimodale
L’évolution la plus notable du pipeline 2025 concerne l’émergence de thérapies combinées, reflétant une compréhension croissante de la nature multifactorielle d’Alzheimer. Vingt essais évaluent actuellement des combinaisons pharmacodynamiques ou pharmacocinétiques, représentant 11% de tous les essais en cours [39]. Cette tendance marque un tournant conceptuel majeur, abandonnant l’approche « magic bullet » au profit de stratégies thérapeutiques plus holistiques.
L’approche sénolytique illustre parfaitement cette évolution. La combinaison dasatinib-quercétine, évaluée dans plusieurs essais, cible spécifiquement les cellules sénescentes qui s’accumulent dans le cerveau vieillissant [40]. Ces cellules, qui ont perdu leur capacité de division mais continuent de sécréter des facteurs inflammatoires, contribuent à la neuroinflammation chronique observée dans Alzheimer.
En deux phrases : Les cellules sénescentes sont des cellules « zombies » qui ne meurent pas mais ne fonctionnent plus normalement et sécrètent des substances inflammatoires. Les éliminer sélectivement pourrait réduire l’inflammation cérébrale et créer un environnement plus favorable aux neurones.
Les combinaisons pharmacocinétiques représentent une autre stratégie innovante. L’association xanomeline-trospium, développée pour traiter les symptômes psychotiques d’Alzheimer, illustre parfaitement cette approche [41]. La xanomeline, un agoniste muscarinique, présente une efficacité remarquable contre les hallucinations et délires, mais ses effets secondaires périphériques limitent son utilisation. L’ajout de trospium, un antagoniste muscarinique qui ne traverse pas la barrière hémato-encéphalique, permet de bloquer les effets indésirables périphériques tout en préservant l’efficacité centrale.
Les biomarqueurs révolutionnent les essais cliniques
L’intégration croissante des biomarqueurs dans les essais cliniques constitue l’une des évolutions les plus significatives de la période récente. Selon l’analyse de Cummings, 104 des 182 essais actifs (57%) incluent désormais un biomarqueur comme critère d’éligibilité [42]. Cette proportion élevée témoigne de l’adoption généralisée d’une approche de médecine de précision, permettant de sélectionner les patients les plus susceptibles de bénéficier d’un traitement donné.
L’imagerie par résonance magnétique (IRM) reste le biomarqueur d’éligibilité le plus fréquemment utilisé, présent dans 59 essais (32%), principalement comme critère d’exclusion pour éliminer les patients présentant des anomalies structurelles incompatibles avec le traitement [43]. La TEP amyloïde (tomographie par émission de positons pour visualiser les plaques amyloïdes) occupe la deuxième position avec 47 essais, utilisée comme critère d’inclusion pour confirmer la présence de pathologie amyloïde chez les participants.
L’émergence des biomarqueurs plasmatiques révolutionne progressivement cette approche. Cinquante-deux essais (29%) utilisent désormais des biomarqueurs fluides pour l’éligibilité, avec une prédominance des mesures d’amyloïde-bêta et de tau phosphorylée [44]. Cette évolution vers des biomarqueurs moins invasifs et plus accessibles pourrait considérablement accélérer le recrutement des patients et démocratiser l’accès aux essais cliniques.
Les essais de prévention : Anticiper plutôt que guérir
L’une des tendances les plus prometteuses du pipeline actuel concerne le développement d’essais de prévention, ciblant des individus cognitiquement normaux mais présentant des biomarqueurs de risque. Huit essais de ce type sont actuellement en cours, représentant 4% du pipeline total [45]. Cette approche préventive reflète une évolution conceptuelle majeure, reconnaissant que les changements pathologiques d’Alzheimer commencent des décennies avant l’apparition des premiers symptômes.
L’essai A4 (Anti-Amyloid Treatment in Asymptomatic Alzheimer’s Disease) représente l’archétype de cette approche [46]. Cet essai évalue l’efficacité du solanezumab chez des individus âgés cognitiquement normaux mais présentant une charge amyloïde élevée détectée par TEP-scan. L’hypothèse sous-jacente est qu’intervenir avant l’apparition des symptômes, lorsque les réserves neuronales sont encore intactes, pourrait permettre de prévenir ou retarder significativement l’émergence de la démence.
En deux phrases : Les essais de prévention testent des traitements chez des personnes qui n’ont pas encore de symptômes mais présentent des signes biologiques précoces de la maladie. L’idée est d’intervenir avant que les dégâts cérébraux ne soient trop importants.
Ces essais de prévention présentent des défis méthodologiques considérables. Leur durée moyenne de 421 semaines (plus de 8 ans) et leur taille importante (moyenne de 1269 participants) en font des entreprises particulièrement coûteuses et complexes [47]. Cependant, leur potentiel impact en termes de santé publique justifie largement ces investissements. Prévenir ou retarder de quelques années l’apparition d’Alzheimer pourrait avoir des conséquences économiques et sociales considérables, compte tenu du vieillissement démographique mondial.
L’internationalisation croissante de la recherche
L’analyse géographique du pipeline 2025 révèle une internationalisation croissante de la recherche sur Alzheimer. Alors que 2227 sites d’essais cliniques sont identifiés en Amérique du Nord, 2302 sites sont répartis dans le reste du monde, illustrant un rééquilibrage géographique notable [48]. Cette évolution reflète plusieurs tendances convergentes : la reconnaissance de l’importance de la diversité génétique et ethnique dans les essais cliniques, la recherche de populations de patients plus importantes pour accélérer le recrutement, et l’émergence de nouveaux centres d’excellence en Asie et en Europe.
Cette internationalisation présente des avantages considérables. Elle permet d’inclure des populations génétiquement et culturellement diverses, améliorant la généralisation des résultats. Elle facilite également le recrutement de patients, particulièrement crucial pour les essais de grande envergure. Enfin, elle favorise le développement d’une expertise globale en recherche clinique sur Alzheimer, créant un réseau mondial de centres spécialisés.
À retenir de cette section
✓ Pipeline record : 182 essais cliniques évaluent 138 médicaments candidats, soit une diversification sans précédent
✓ Approches innovantes : Immunothérapie active, thérapies combinées, repositionnement de médicaments anticancéreux
✓ Médecine de précision : 57% des essais utilisent des biomarqueurs pour sélectionner les patients
✓ Prévention en vue : 8 essais testent des traitements chez des personnes sans symptômes mais à risque
✓ Recherche globalisée : Plus de 4500 sites d’essais dans le monde, favorisant la diversité des populations étudiées
✓ Prudence nécessaire : La plupart de ces approches restent expérimentales et n’ont pas encore prouvé leur efficacité clinique

III. Les nouvelles frontières de la recherche : quand l’innovation repousse les limites du possible
Les sphéroïdes axonaux : Une découverte qui change tout
L’une des découvertes les plus fascinantes de 2025 provient des laboratoires de Yale School of Medicine, où l’équipe de Jaime Grutzendler a identifié une nouvelle cible thérapeutique potentiellement révolutionnaire : les sphéroïdes axonaux [49]. Ces structures en forme de bulles, qui se développent sur les axones en réponse à l’accumulation de plaques amyloïdes, représentent bien plus qu’un simple épiphénomène de la maladie. Elles constituent un véritable verrou pathologique qui bloque la conduction électrique neuronale, compromettant ainsi la communication entre les neurones.
En deux phrases : Les sphéroïdes axonaux sont des « renflements » qui se forment sur les prolongements des neurones (axones) et empêchent la transmission des signaux électriques. C’est comme si des bouchons se formaient dans les « câbles électriques » du cerveau, interrompant la communication entre les neurones.
Cette découverte bouleverse notre compréhension des mécanismes pathologiques d’Alzheimer. Plutôt que de se concentrer uniquement sur l’élimination des plaques amyloïdes, cette approche propose de cibler leurs conséquences fonctionnelles directes sur la transmission neuronale. L’équipe de Grutzendler a utilisé une technique innovante de marquage protéique pour cartographier l’architecture moléculaire complexe de ces sphéroïdes, révélant des centaines de protéines jusqu’alors inconnues dans ces structures [50].
La découverte la plus prometteuse concerne l’hyperactivation de la voie mTOR dans ces sphéroïdes. Cette voie de signalisation, cruciale pour la croissance cellulaire et le métabolisme, semble déréglée dans les sphéroïdes axonaux. L’équipe a démontré qu’en bloquant pharmacologiquement cette voie avec des inhibiteurs spécifiques, il était possible de réduire significativement la taille des sphéroïdes, tant dans des cultures cellulaires que dans des modèles murins [51].
Important : Cette recherche en est encore au stade préclinique. Les expériences ont été menées sur des cultures cellulaires et des souris, et aucun essai clinique chez l’humain n’a encore été initié. Il faudra plusieurs années avant de savoir si cette approche peut bénéficier aux patients.
Les ultrasons focalisés : Une révolution technologique non invasive
La technologie des ultrasons focalisés émerge comme l’une des innovations les plus prometteuses de la décennie dans le traitement d’Alzheimer. Les résultats publiés en janvier 2025 par l’équipe coréenne de Jin Woo Chang ont démontré pour la première fois qu’il était possible de réduire les plaques amyloïdes sans aucun médicament, simplement en ouvrant temporairement la barrière hémato-encéphalique grâce à des ultrasons non invasifs [52].
En deux phrases : Les ultrasons focalisés utilisent des ondes sonores de haute fréquence pour ouvrir temporairement la « barrière » qui protège le cerveau. Cette ouverture permet soit de faire pénétrer des médicaments, soit d’activer les cellules de nettoyage du cerveau.
Cette étude clinique, financée par la Focused Ultrasound Foundation, a évalué six femmes âgées de 50 à 85 ans qui ont subi une ouverture de la barrière hémato-encéphalique dans les deux lobes frontaux, répétée trois fois à intervalles de deux mois. Le volume moyen d’ouverture de 43,1 centimètres cubes représente le double des essais précédents et le plus important jamais réalisé dans un essai clinique [53].
Les résultats sont encourageants : cinq des six participantes (83%) ont montré une amélioration des symptômes neuropsychiatriques évalués par l’échelle CGA-NPI, qui mesure les délires, l’agitation, l’irritabilité et l’anxiété associés à Alzheimer [54]. Aucun effet indésirable lié au traitement n’a été rapporté, soulignant la sécurité de cette approche non invasive.
Mise en perspective : Il s’agit aujourd’hui d’une approche expérimentale, testée dans quelques centres de recherche spécialisés, très loin d’un usage courant en pratique clinique. Les données chez l’humain restent très préliminaires, avec de petits effectifs, et les mécanismes d’action ne sont pas encore complètement élucidés.
La médecine de précision : L’ère des biomarqueurs plasmatiques
La révolution des biomarqueurs plasmatiques transforme radicalement l’approche diagnostique et thérapeutique d’Alzheimer. Le p-tau 217, désormais considéré comme un outil de triage extrêmement prometteur, présente une précision diagnostique équivalente aux biomarqueurs du liquide céphalorachidien, mais avec la simplicité d’une prise de sang [55]. Cet outil est en passe de transformer le diagnostic, mais reste encore en cours de standardisation et d’intégration dans les recommandations officielles.
En deux phrases : Les biomarqueurs plasmatiques sont des protéines anormales détectables dans une simple prise de sang qui signalent la présence de la maladie d’Alzheimer. Ils pourraient remplacer les examens plus invasifs comme la ponction lombaire, mais leur utilisation en routine clinique nécessite encore une validation complète.
L’impact de cette révolution dépasse largement le cadre diagnostique. Plusieurs essais cliniques utilisent désormais le p-tau 217 plasmatique comme critère d’éligibilité, permettant de sélectionner plus facilement les patients présentant une pathologie tau active [56]. Cette approche biomarqueur-guidée pourrait considérablement améliorer l’efficacité des essais cliniques en enrichissant les populations étudiées avec des patients plus susceptibles de répondre aux traitements.
L’émergence de biomarqueurs combinés représente la prochaine frontière de cette révolution. L’association du ratio Aβ42/40 avec le ratio p-tau 217/tau 217 non phosphorylée permet d’affiner encore la précision diagnostique et de stratifier les patients selon leur profil pathologique [57]. Cette approche multiparamétrique ouvre la voie à une classification plus nuancée d’Alzheimer, reconnaissant la diversité des mécanismes pathologiques en jeu.
L’intelligence artificielle au service de la découverte
L’intelligence artificielle révolutionne silencieusement la recherche sur Alzheimer, de la découverte de nouvelles cibles thérapeutiques à la prédiction de la réponse aux traitements. Les algorithmes d’apprentissage automatique analysent désormais des datasets massifs combinant données génomiques, protéomiques, d’imagerie et cliniques pour identifier des patterns invisibles à l’œil humain [58].
En deux phrases : L’IA analyse simultanément des milliers de données (génétiques, d’imagerie, cliniques) pour découvrir des liens cachés que les chercheurs ne pourraient pas détecter seuls. Elle peut ainsi identifier de nouveaux médicaments candidats ou prédire quels patients répondront le mieux à un traitement.
L’une des applications les plus prometteuses concerne la découverte de médicaments repositionnés. Des algorithmes sophistiqués analysent les signatures d’expression génique associées à Alzheimer et les comparent aux profils d’activité de milliers de médicaments existants, identifiant des candidats inattendus pour le repositionnement thérapeutique [59]. Cette approche a récemment identifié deux médicaments anticancéreux approuvés par la FDA qui inversent les signatures d’expression génique associées à Alzheimer, ouvrant de nouvelles pistes thérapeutiques [60].
Important : Ces découvertes par IA restent au stade de la recherche fondamentale et nécessitent une validation expérimentale approfondie avant d’envisager des essais cliniques.
Les approches épigénétiques : Reprogrammer sans modifier l’ADN
L’épigénétique émerge comme une nouvelle frontière particulièrement prometteuse dans la recherche sur Alzheimer. Contrairement aux mutations génétiques qui modifient la séquence d’ADN, les modifications épigénétiques affectent l’expression des gènes sans altérer leur structure. Ces modifications, potentiellement réversibles, offrent des cibles thérapeutiques inédites [61].
En deux phrases : L’épigénétique étudie comment l’activité des gènes peut être modifiée sans changer leur séquence ADN, un peu comme des interrupteurs qui allument ou éteignent certains gènes. Dans Alzheimer, ces « interrupteurs » sont déréglés, et les thérapies épigénétiques tentent de les remettre en position normale.
Les inhibiteurs d’histones désacétylases (HDAC) illustrent parfaitement cette approche. Ces enzymes, qui régulent l’accessibilité de l’ADN à la machinerie transcriptionnelle, sont dérégulées dans Alzheimer. Plusieurs inhibiteurs d’HDAC sont actuellement évalués en essais cliniques, visant à restaurer l’expression de gènes neuroprotecteurs et à améliorer la plasticité synaptique [62].
Statut actuel : Ces approches restent largement expérimentales, avec des essais cliniques en phases précoces. Leur potentiel thérapeutique est prometteur mais nécessite encore plusieurs années de développement.
Les thérapies cellulaires : Régénérer le cerveau
Les thérapies cellulaires représentent l’une des approches les plus futuristes mais potentiellement révolutionnaires dans le traitement d’Alzheimer. Plusieurs stratégies sont actuellement explorées, de la transplantation de cellules souches à la reprogrammation in situ des cellules cérébrales existantes [63].
En deux phrases : Les thérapies cellulaires visent soit à transplanter de nouvelles cellules saines dans le cerveau, soit à reprogrammer les cellules existantes pour qu’elles se transforment en neurones. L’objectif est de remplacer les neurones perdus ou de stimuler la réparation cérébrale.
Les cellules souches mésenchymateuses, dérivées de la moelle osseuse ou du tissu adipeux, présentent des propriétés anti-inflammatoires et neuroprotectrices remarquables. Plusieurs essais cliniques évaluent leur potentiel thérapeutique dans Alzheimer, explorant leur capacité à réduire la neuroinflammation et à favoriser la survie neuronale [64]. Ces cellules peuvent être administrées par voie intraveineuse ou directement dans le liquide céphalorachidien, offrant une flexibilité thérapeutique appréciable.
La reprogrammation cellulaire in situ représente une approche encore plus ambitieuse. Cette technique vise à convertir directement les cellules gliales du cerveau en nouveaux neurones, sans passer par un stade de cellule souche [65].
Réalité clinique : Ces approches restent hautement expérimentales et font face à des défis considérables : sécurité, efficacité, méthodes de délivrance, et coûts. Aucune thérapie cellulaire n’est actuellement approuvée pour Alzheimer.
L’axe intestin-cerveau : Une nouvelle dimension thérapeutique
La découverte de l’axe intestin-cerveau révolutionne notre compréhension d’Alzheimer et ouvre des perspectives thérapeutiques inédites. Le microbiome intestinal, cet écosystème complexe de milliards de bactéries qui colonisent notre tube digestif, influence directement la fonction cérébrale par de multiples voies : production de neurotransmetteurs, modulation de l’inflammation systémique, et régulation de la perméabilité de la barrière hémato-encéphalique [66].
En deux phrases : L’axe intestin-cerveau désigne la communication bidirectionnelle entre notre système digestif et notre cerveau, notamment via les bactéries intestinales. Ces bactéries produisent des substances qui peuvent influencer l’inflammation cérébrale et potentiellement la progression d’Alzheimer.
Des études récentes ont révélé des différences significatives dans la composition du microbiome intestinal entre patients Alzheimer et sujets sains. Cette dysbiose se caractérise par une réduction de la diversité bactérienne et une prolifération de souches pro-inflammatoires [67]. Plus intriguant encore, des études longitudinales suggèrent que ces modifications du microbiome précèdent l’apparition des symptômes cognitifs, ouvrant la voie à des stratégies préventives basées sur la modulation de la flore intestinale.
Plusieurs approches thérapeutiques explorent cette voie. Les probiotiques spécifiquement sélectionnés pour leurs propriétés neuroprotectrices font l’objet d’essais cliniques prometteurs. La transplantation de microbiote fécal, déjà utilisée avec succès dans d’autres pathologies, est évaluée dans des modèles précliniques d’Alzheimer [68].
Ce qui reste entre nos mains aujourd’hui
Au-delà de ces approches futuristes, il est crucial de rappeler les leviers concrets et accessibles dès maintenant pour réduire le risque d’Alzheimer ou retarder son apparition. La recherche a clairement établi que environ un tiers des cas d’Alzheimer sont liés à des facteurs de risque modifiables [69].
8 leviers vraiment utiles pour réduire son risque :
- Activité physique régulière : 150 minutes d’exercice modéré par semaine réduisent le risque de 30%
- Contrôle de la tension artérielle : Maintenir une pression artérielle normale, surtout après 50 ans
- Gestion du diabète : Équilibrer la glycémie pour protéger les vaisseaux cérébraux
- Arrêt du tabac : Le tabagisme double le risque de démence
- Qualité du sommeil : 7-8h de sommeil par nuit pour optimiser l’élimination des toxines cérébrales
- Correction des troubles auditifs : Porter des aides auditives en cas de perte auditive
- Stimulation cognitive : Maintenir des activités intellectuelles variées et challengeantes
- Lien social : Éviter l’isolement, maintenir des relations sociales riches
Ces interventions, validées par l’essai FINGER et ses réplications internationales, montrent qu’une approche multidomaine peut réduire significativement le déclin cognitif [70]. Contrairement aux traitements médicamenteux complexes et coûteux, ces mesures sont accessibles à tous et peuvent être mises en œuvre immédiatement.
Vers une approche systémique de la maladie
L’évolution la plus notable de la recherche contemporaine sur Alzheimer concerne l’abandon progressif d’une vision réductionniste au profit d’une approche systémique reconnaissant la complexité multifactorielle de la maladie. Cette évolution se traduit par le développement de stratégies thérapeutiques multimodales combinant plusieurs interventions complémentaires [71].
L’essai FINGER, qui combine exercice physique, entraînement cognitif, conseils nutritionnels et gestion des facteurs de risque vasculaire, a démontré l’efficacité de cette approche holistique dans la prévention du déclin cognitif [72]. Cette étude pionnière a inspiré de nombreux essais similaires dans le monde entier, validant le concept d’intervention multidomaine.
L’avenir de la recherche sur Alzheimer s’oriente clairement vers cette approche intégrative, reconnaissant que la complexité de la maladie nécessite des réponses thérapeutiques également complexes. La combinaison de traitements pharmacologiques ciblant différentes voies pathologiques, d’interventions technologiques innovantes et de modifications du mode de vie pourrait offrir la meilleure stratégie pour prévenir et traiter cette maladie dévastatrice.
À retenir de cette section
✓ Nouvelles cibles prometteuses : Sphéroïdes axonaux, voie mTOR, mais encore au stade préclinique
✓ Technologies émergentes : Ultrasons focalisés, IA, nanotechnologies, mais usage expérimental uniquement
✓ Révolution diagnostique : Biomarqueurs sanguins en cours de validation pour un diagnostic simplifié
✓ Approches futuristes : Thérapies cellulaires, épigénétique, axe intestin-cerveau, mais développement à long terme
✓ Actions concrètes : Activité physique, contrôle vasculaire, sommeil, stimulation cognitive restent les leviers les plus efficaces aujourd’hui
✓ Vision systémique : L’avenir appartient aux approches combinées plutôt qu’aux « médicaments miracles »
Conclusion : L’aube d’une nouvelle ère thérapeutique
Les cinq dernières années resteront dans l’histoire de la médecine comme une période charnière qui a transformé radicalement notre approche d’Alzheimer. Pour la première fois depuis des décennies, nous disposons de traitements qui s’attaquent véritablement aux mécanismes de la maladie, même si leur efficacité reste modeste et limitée aux stades très précoces. Plus important encore, nous assistons à une explosion de créativité scientifique qui explore des voies thérapeutiques jusqu’alors inimaginables.
L’échec retentissant de certaines approches, comme le semaglutide ou le simufilam, nous rappelle avec humilité la complexité redoutable de cette pathologie. Mais ces déceptions, loin de décourager la recherche, alimentent une réflexion plus profonde sur les mécanismes pathologiques et orientent les efforts vers des stratégies plus sophistiquées. L’émergence de technologies révolutionnaires comme les ultrasons focalisés, la découverte de nouvelles cibles comme les sphéroïdes axonaux, et l’avènement de la médecine de précision guidée par les biomarqueurs plasmatiques dessinent les contours d’un avenir thérapeutique prometteur.
Le pipeline de 182 essais cliniques évaluant 138 médicaments candidats témoigne d’un momentum scientifique sans précédent. Cette diversité d’approches, qui explore 15 catégories différentes de processus pathophysiologiques, reflète une compréhension croissante de la nature multifactorielle d’Alzheimer. L’avenir appartient probablement aux stratégies combinées, associant traitements pharmacologiques ciblés, interventions technologiques innovantes et modifications du mode de vie.
Pour les patients et leurs familles, ces avancées apportent enfin une lueur d’espoir après des décennies de frustration. Même si le chemin vers un traitement curatif reste long, les progrès accomplis ces dernières années prouvent que cette maladie n’est plus une fatalité absolue. L’enjeu des prochaines années sera de transformer ces promesses scientifiques en bénéfices cliniques tangibles, accessibles au plus grand nombre.
Mais n’oublions pas l’essentiel : en attendant ces révolutions thérapeutiques, nous disposons déjà d’outils efficaces pour réduire notre risque. L’activité physique, le contrôle des facteurs cardiovasculaires, la qualité du sommeil, la stimulation cognitive et le maintien du lien social restent nos meilleures armes contre cette maladie. La prévention d’aujourd’hui vaut tous les traitements de demain.
La révolution est en marche. Elle ne fait que commencer.

En pratique : ce que cela change aujourd’hui pour un patient français
Au stade débutant (MCI, Alzheimer précoce)
Nouveaux traitements disponibles :
- Lecanemab et donanemab accessibles dans les centres mémoire spécialisés
- Bilan préalable obligatoire : IRM, TEP amyloïde ou ponction lombaire
- Perfusions mensuelles pendant 18 mois minimum
- Surveillance étroite des effets secondaires (ARIA)
- Coût : 26 000€/an, remboursement en cours d’évaluation
Biomarqueurs sanguins :
- Tests p-tau 217 disponibles dans certains centres
- Diagnostic simplifié, mais pas encore en routine
- Utiles pour orienter vers les essais cliniques
Au stade modéré ou avancé
Réalité actuelle :
- Aucun nouveau traitement modificateur disponible
- Prise en charge symptomatique : donepezil, mémantine
- Approches non médicamenteuses essentielles
- Soutien aux aidants prioritaire
- Adaptation de l’environnement cruciale
Pour tous : les leviers préventifs accessibles
- Activité physique : 150 min/semaine d’exercice modéré
- Contrôle tension artérielle et diabète
- Qualité du sommeil : 7-8h par nuit
- Stimulation cognitive régulière
- Maintien du lien social
- Correction des troubles auditifs
- Arrêt du tabac

Glossaire des termes techniques
ARIA : Anomalies d’imagerie liées à l’amyloïde, effets secondaires des anticorps anti-amyloïde
CDR-SB : Clinical Dementia Rating-Sum of Boxes, échelle de mesure de la progression d’Alzheimer
GLP-1 : Peptide-1 similaire au glucagon, hormone impliquée dans la régulation de la glycémie
iADRS : integrated Alzheimer’s Disease Rating Scale, échelle composite d’évaluation
MCI : Mild Cognitive Impairment, troubles cognitifs légers précédant souvent Alzheimer
mTOR : mechanistic Target of Rapamycin, voie de signalisation cellulaire
p-tau 217 : Protéine tau phosphorylée, biomarqueur sanguin d’Alzheimer
TEP : Tomographie par émission de positons, technique d’imagerie cérébrale
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