Choisir le sucre ou un édulcorant ?

Les dangers des édulcorants : pourquoi il faut les éviter ?

La promesse d’un édulcorant est séduisante : retrouver le goût du sucre sans aucune calorie ! Le sentiment immédiat et déculpabilisant est-il justifié et apporte-t’il réellement des avantages ? Le sucre souvent présenté comme un danger est-il préférable ?

Compte tenu de la quantité d’édulcorants consommés chaque année, répondre à ces questions est un enjeu de santé publique.  L’utilisation des édulcorants a-t-elle un impact sur la perte de poids ? Existe-t-il des risques à utiliser régulièrement des édulcorants ? Sait-on toujours quand un édulcorant est utilisé comme additif alimentaire dans une préparation ?

Que disent les études ?

Des études récentes et importantes nous apportent des réponses et vous éclaireront dans vos choix.
Ces dernières années, on s’est de plus en plus préoccupé par les risques pour la santé, posés par les édulcorants qui sont des additifs alimentaires. Bien que ces produits soient généralement considérés comme sûrs, il existe certaines preuves qu’ils ne sont peut-être pas complètement bénins. La commission Européenne ré-évalue tous ces additifs alimentaires. Cet article passera en revue le danger potentiel des édulcorants et discutera de leurs risques sur la santé.

Edulcorant : qu’est-ce que c’est ?

Un édulcorant est un additif alimentaire qui va donner un goût sucré aux aliments et boissons sans ajouter de calories. Certains édulcorants naturels comme la stévia et l’acacia contiennent des composés chimiques appelés glycosides qui peuvent avoir un goût sucré. Les édulcorants artificiels comme l’aspartame et le sucralose ont été créés en laboratoire et contiennent des composés chimiques qui imitent le goût du sucre.

A titre d’exemple, l’aspartame est un édulcorant intense de synthèse présent dans de nombreux produits alimentaires (bonbons, boissons light, chocolats et d’autres aliments allégés). Son pouvoir sucrant est 200 fois supérieur au sucre en ayant la même valeur énergétique [1]. En d’autres termes, vous n’avez donc besoin que d’une infime quantité pour obtenir la même saveur sucrée. D’autres édulcorants artificiels sont encore plus sucrés que l’aspartame, par exemple l’acésulfame-K et le sucralose.

De présentation des différents sucres
Un édulcorant a un pouvoir sucrant bien supérieur à celui du sucre avec un goût qui se veut très proche

Les différentes catégories d’édulcorants

Les traditionnels

Le groupe des édulcorants traditionnels comprend principalement les sucres simples tels que le saccharose, le glucose ou le fructose. Ils sont considérés comme des ingrédients et leur teneur en sucre est proche de 1 gramme par portion ; ils permettent de conserver les quantités d’aliments tout en préservant le goût plus longtemps (ex : confiserie). Ils ont peu de valeur nutritionnelle mais plus de calories (ex : confiseries).

Les additifs ours ou agents de charge

Les additifs du sucre sont souvent appelés ” agents de charge ” et appartiennent à une catégorie connue sous le nom d’agents additifs. Leur rôle n’est pas d’apporter un goût sucré. Par exemple les polyols, qui ont moins de calories que les sucres ordinaires mais qui apportent des propriétés comme la viscosité ou la capacité à mousser. Ils ont un pouvoir sucrant inférieur à 1.

Les édulcorants intenses

La catégorie des édulcorants intenses comprend des composés dont la teneur en sucre est bien supérieure à 1 (généralement >100), et ils sont considérés comme des additifs alimentaires. Ils peuvent être d’origine naturelle ou de synthèse.
L’apport calorique faible de ces substances est dû à leur utilisation à très faible dose ; cependant, les gens les associent souvent à d’autres types de sucres afin d’ajouter du “corps” à l’aliment lui-même. Les édulcorants intenses ont révolutionné l’alimentation industrielle en apportant un goût sucré sans les calories. L’objectif est d’avoir une saveur la plus proche du sucre.

Quels sont les édulcorants qu’on trouve à table ?

Les édulcorants de synthèse sont des additifs alimentaires issus de la transformation de composés chimiques au laboratoire. En raison de leur pouvoir sucrant élevé, on les appelle également les édulcorants intenses.

Voici la liste de ces différents types d’édulcorants de synthèse et naturels qu’on retrouve dans notre alimentation, avec leur code que vous pouvez trouver dans la composition des aliments et boissons.

  • aspartame E951
  • sel d’aspartame-acésulfame : E962
  • sucralose E955
  • acésulfame-k E950
  • néotame E961
  • alitame E956
  • saccharine E954
  • cyclamate E952
  • thaumatine E957
  • glycosides de stéviol : E960
  • néohespéridine dihydrochalcone : E959

Cette liste n’est pas exhaustive. Un édulcorant a un pouvoir sucrant supérieur à celui du sucre dans des proportions variables selon l’édulcorant. Le taux de sucre est très faible et varie aussi selon chaque substance.
Chaque édulcorant a un goût proche de celui du sucre, mais avec des différences selon chaque substance.

formules chimiques des édulcorants
Formules chimiques des édulcorants, molécule d’ aspartame, de sucralose, de saccharine, de glycosides de stéviol…

Dangers des édulcorants : pourquoi il faudrait les éviter

Les édulcorants peuvent être utiles pour les personnes qui cherchent à réduire leur consommation de sucre ou de calories, mais ils ne sont pas sans effets secondaires.
Certains édulcorants peuvent provoquer des ballonnements, des flatulences et des maux de ventre.

En plus de leurs effets indésirables, les édulcorants ne sont pas sans risques pour la santé selon des études récentes.

Les études sont très complexes à mettre en place, les biais sont très nombreux, et il faut des études sur des nombres très importants de patients inclus. Les études sont donc complexes, et souvent elles sont la source de discussions et controverses. Quand le nombre d’études et les résultats convergent cela impose de reconsidérer les habitudes.

Bien qu’ils possèdent des bienfaits reconnus par la science, notamment leurs potentiels effets nuancés sur la glycémie et leur faible apport calorique, les édulcorants intenses ont fait depuis longtemps l’objet de diverses polémiques, notamment celles entourant l’aspartame. Ces controverses concernant l’utilisation des édulcorants et leur impact sur la santé sont appuyés par des études relativement solides qui nécessitent une prise de conscience concernant la limitation de la consommation de ces additifs alimentaires. A ce titre, voici le résumé de quelques études qui révèlent les potentiels dangers des édulcorants sur la santé :

Edulcorants et risques de maladies cardiovasculaires

En effet, les résultats d’une étude à grande échelle réalisée en septembre 2022 par des chercheurs français suggèrent une association directe potentielle entre une consommation plus élevée d’édulcorants artificiels (en particulier l’aspartame, l’acésulfame de potassium et le sucralose) et un risque accru de maladie cardiovasculaire [2].

En particulier, on a retrouvé une augmentation du risque cérébrovasculaire avec l’aspartame et avec le sucralose pour le risque de maladie coronaire

Edulcorants et risques élevés de cancer

Une étude réalisée par la même équipe de chercheurs et dans les mêmes conditions que la précédente a démontré que les édulcorants artificiels (en particulier l’aspartame et l’acésulfame-K), qui sont utilisés dans de nombreuses marques d’aliments et de boissons dans le monde, ont été associés à un risque accru de cancer [3].

En d’autre termes on a montré que les utilisateurs d’édulcorants ont un risque de cancer plus important par rapport aux non-utilsateurs. Cela ne plaide pas pour une utilisation régulière et prolongée des ces additifs alimentaires.

Les édulcorants sont-ils responsables de la modification de la flore intestinale ?

Selon une étude espagnole réalisée en 2019, la consommation d’édulcorants de synthèse notamment la saccharine et la sucralose sont susceptibles de modifier le microbiote intestinal avec toutes les conséquences métaboliques que ça pourrait engendrer [4].

Connaissant le rôle clé de la flore intestinale sur les différents processus métaboliques de l’organisme, une potentielle perturbation pourrait avoir des effets néfastes sur l’immunité, la prise de poids et les maladies métaboliques comme le diabète.

Edulcorants et perturbation de la glycémie

Les diabétiques sont les premiers à être concernés par les édulcorants. Depuis plusieurs années le sujet des édulcorants est évoqué, en 2015 dèjà l’Anse (agence nationale de la sécurité  alertait sur le manque de preuves concernant l’effet bénéfique des édulcorants sur la santé

La glycémie est une mesure du sucre dans le sang, en cas d’excès on parle de diabète. Les édulcorants sont populaires pour leur propriété de fournir un goût sucré avec peu ou pas de calories. A ce titre, ils sont consommés pour réduire les apports énergétiques dans le but de lutter contre l’obésité. Cependant, des études font état des effets des édulcorants sur l’homéostasie (stabilisation) du glucose.

Selon une étude [5], la consommation des édulcorants pourrait augmenter l’absorption intestinale du glucose.

D’autre part, la simple application dans la cavité buccale des édulcorants particulièrement le saccharose et la saccharine augmente la concentration plasmatique de l’insuline, c’est ce qu’on appelle la libération d’insuline en phase céphalique [6]. En d’autres termes, la simple mise sur la langue du saccharose ou de la saccharine stimule le cerveau et provoque la libération de l’insuline au niveau du pancréas.

Cependant, ces études restent limitées et ne peuvent être généralisées à la population. Mais elles posent en même temps la question sur l’innocuité des édulcorants sur la santé. Elles permettent aussi d’apporter des éléments nouveaux aux instances de santé qui réévaluent de façon régulière les bénéfices et les risques de ces additifs.

Edulcorants et perte de poids

Beaucoup ont pris l’habitude de prendre des édulcorants dans le cadre d’un régime avec pour but de manger moins de calories que le sucre et ainsi perdre du poids. On sait maintenant que nous seulement cela ne fait pas perdre du poids sur un moyen et long terme, mais que cela est contre-productif.

Si on réfléchit bien, c’est assez logique. les édulcorants sont un leurre pour notre cerveau : on lui fait croire que c’est du sucre, mais il n’en a pas les effets ! Quand on sait l’importance du cerveau et du circuit des hormones sur l’appétit, on comprend bien que cela ne peut pas fonctionner. Si la consommation de produits light avec des édulcorant de façon très modérée peut avoir un intérêt, leur utilisation systématique et en excès aura un effet désastreux, nous seulement sur les effets secondaires, mais aussi sur l’objectif de perte de poids.

Les édulcorants au même titre que les autres additifs alimentaires sont présents dans de très nombreux produits et substances : sirop, pâtisserie, boisson, préparation et/ou les édulcorants vont remplacer le sucre dans les produits. Il faut vraiment se méfier lorsqu’un édulcorant est utilisé comme additif alimentaire. La quantité de substituts du sucre peut vite devenir très importante !

Choix des produits dans un supermarché
Au moment du choix beaucoup de préparation, a vous de trouver le bon produit, sucre ou édulcorant ?

Est-ce raisonnable de continuer à consommer des édulcorants ?

Les édulcorants sont très nombreux et présents dans des milliers de produits. Ils sont utilisés par des millions de personnes, parfois sans le savoir. Est-ce raisonnable ? Les études aujourd’hui convergent pour dire que non. Les autorités de santé, les organismes comme la Commission Européenne, l’OMS Organisation mondiale de la santé, l’Autorité européenne de sécurité des aliments ré-évaluent leurs positions sur ce sujet.

Dans un contexte général visant à une alimentation plus saine, plus naturelle, à limiter les produits contenant des additifs, l’utilisation des édulcorants non seulement ne se justifie pas, mais nous avons la preuve de ces effets nocifs sur le long terme.

Les personnes qui ont besoin de limiter leurs apports caloriques en sucre : personnes en surpoids, obèses, diabétiques doivent avec avec leurs médecins et nutritionnistes. Il faut des prises en charge globales et mettre en place une alimentation équilibrée et une hygiène de vie adaptée à chaque situation. Les édulcorants ne peuvent pas être la solution.

La bonne atitude

L’attitude raisonnable n’est pas forcément de les bannir totalement, mais de les limiter à des consommations occasionnelles. Faites attention à chaque produit que vous choisissez et à sa composition. La diabolisation du sucre doit aussi cesser, il faut absolument privilégier une alimentation équilibrée et naturelle à chaque fois que cela est possible, et limiter les quantités des produits les plus caloriques.

En conclusion

On peut dire pour conclure que les édulcorants ne sont pas une alternative sûre au sucre.

 

Références :

[1] : Inserm, 24 MARS 2022, La consommation d’édulcorants serait associée à un risque accru de cancer, https://presse.inserm.fr/la-consommation-dedulcorants-serait-associee-a-un-risque-accru-de-cancer/45022/

[2] : Debras C, Chazelas E, Sellem L, Porcher R, Druesne-Pecollo N, Esseddik Y et al. Artificial sweeteners and risk of cardiovascular diseases: results from the prospective NutriNet-Santé cohort BMJ 2022; 378 :e071204 doi:10.1136/bmj-2022-071204 https://www.bmj.com/content/378/bmj-2022-071204

[3] : Debras C, Chazelas E, Sellem L, Porcher R, Druesne-Pecollo N, Esseddik Y et al. Artificial sweeteners and cancer risk: Results from the NutriNet-Santé population-based cohort study https://doi.org/10.1371/journal.pmed.1003950 https://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.1003950

[4] : Ruiz-Ojeda FJ, Plaza-Díaz J, Sáez-Lara MJ, Gil A. Effects of Sweeteners on the Gut Microbiota: A Review of Experimental Studies and Clinical Trials. Adv Nutr. 2019 Jan 1;10(suppl_1):S31-S48. doi: 10.1093/advances/nmy037. Erratum in: Adv Nutr. 2020 Mar 1;11(2):468. PMID: 30721958; PMCID: PMC6363527. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6363527/

[5] : Mace OJ, Affleck J, Patel N, Kellett GL. Sweet taste receptors in rat small intestine stimulate glucose absorption through apical GLUT2. J Physiol. 2007 Jul 1;582(Pt 1):379-92. doi: 10.1113/jphysiol.2007.130906. Epub 2007 May 10. Erratum in: J Physiol. 2007 Aug 15;583(Pt 1):411. PMID: 17495045; PMCID: PMC2075289. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17495045/

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