Bactéries Francisella tularensis

Tularémie : la maladie mystérieuse que personne ne connait

La tularémie est une maladie infectieuse qui fait encore peur à beaucoup de gens, car elle est mystérieuse et personne ne la connait vraiment. On sait juste qu’elle est transmise à l’humain par les animaux et que c’est assez grave. Présente en Europe et en Amérique du Nord, la tularémie est une maladie à déclaration obligatoire. Sans signes très spécifiques, on peut facilement passer à côté du diagnostic. Dans cet article, nous allons tout vous expliquer sur cette pathologie : comment l’attrape-t-on, quels sont les signes, comment la traiter et comment l’éviter ?

Qu’est-ce que la tularémie ?

Elle est également connue sous le nom de maladie des piqûres de puces, maladie des lapins, fièvre des lièvres, fièvre de la mouche du cerf, maladie de Francis, tulariose ou peste des tiques…

La tularémie est une maladie causée par la bactérie Francisella tularensis.

Francisella tularensis

C’est une bactérie de type Gram négatif et coccobacillaire. Elle est intracellulaire obligatoire, pathogène pour l’homme. 

C’est une bactérie anaérobie facultative qui appartient à la famille des Francisellaceae. Elle est une bactérie intracellulaire pathogène pour l’homme et les animaux. Elle peut être transmise à l’homme par l’intermédiaire d’un vecteur (piqûre de tique, moustique), contact avec des animaux infectés ou bien ingestion d’aliments contaminés. Elle se multiplie dans les macrophages et les monocytes et provoque la formation de granules au niveau des cellules épithéliales respiratoires ou intestinale. F. tularensis est une bactérie très résistante aux facteurs environnementaux (extrémités froides, rayons UV) et aux agents disinfectants courants ce qui rend sa détection et son élimination difficiles. Les bactéries sont très résistantes et peuvent survivre dans l’environnement pendant plusieurs mois. De plus, elle présente un potentiel biologique important, car elle peut être utilisée comme arme biologique. 

Elle est également connue pour être l’une des bactéries les plus pathogènes pour l’homme. Heureusement, elle n’est pas facilement transmissible d’une personne à l’autre et ne se propage pas facilement dans la population. Elle est donc considérée comme un agent biologique potentiellement dangereux.

Il en existe deux types :

Francisella tularensis de type A : le plus virulent pour les humains; et on le trouve habituellement chez les lapins, les lièvres et les rongeurs aux États-Unis et au Canada.

Francisella tularensis de type B : il provoque souvent une infection ulcéro-ganglionnaire modérée plutôt dans l’hémisphère nord, Amérique du Nord, Europe et Asie.

Quels sont les modes de transmission de la tularémie ?

La tularémie est une zoonose. Elle peut être transmise par

  • Par l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés,
  • par contact direct, fourrure ou les fluides corporels, avec un animal infecté, la bactérie f tularensis traverse la peau
  • par morsure par un animal infecté
  • par piqûres de tiques infectées et de mouches ou taons infectées,
  • par l’inhalation de la bactérie.
  • par la consommation d’une viande contaminée

Les lapins sauvages et les rongeurs sauvages sont une source importante de tularémie, mais d’autres animaux tels que les cerfs, les écureuils, les rats musqués et les souris peuvent également transmettre la maladie.

Elle peut également infecter les oiseaux et certains insectes. 

Les animaux domestiques sont très rarement en cause, attention toutefois en cas de morsures de tiques

Les personnes susceptibles de la contracter sont celles qui vivent ou travaillent dans des zones où ces animaux sont présents, en particulier en Europe.

 

Lièvre sauvage, vecteur potentiel tularémie
Les lièvres sont l’un des vecteurs possibles de la maladie

 

Quels sont les symptômes et le diagnostic de tularémie ?

Symptômes locaux : Il y a le plus souvent une papule au point d’inoculation qui devient rapidement ulcéreux : doigt, bras, œil, ou dans la bouche.
Ils apparaissent 3 à 5 jours après la date de la contamination.

Mais cette papule peut être absente sur des formes pulmonaires.

Les symptômes généraux peuvent varier en fonction du mode de transmission,

Ils apparaissent généralement quelques jours après la contamination. ils comprennent habituellement

  • syndrome grippal
  • une fièvre élevée, frissons
  • douleurs musculaires et articulaires,
  • ganglions lymphatiques enflés (adénopathies régionales)
  • lésion cutanée ulcérative si morsure,
  • pneumopathie (pneumonie tularémique)
  • D’autres symptômes peuvent inclure des maux de tête, une toux sèche,
  • des signes digestifs : douleurs abdominales, diarrhée, vomissements.

Les signes cliniques sont assez peu spécifiques, et c’est pourquoi le diagnostic peut être ignoré. Il faut donc savoir y penser en cas de contact avec des animaux sauvages et de tiques. Importance de l’interrogatoire du patient à la recherche de ces éléments. 

Les examens biologiques sont non spécifiques et montrent simplement des signes d’inflammation et d’infection.

 

Contamination par ulcération visage, oeil et doigt
Manifestation clinique au point de contamination

 

Période d’incubation

La période d’incubation habituelle est de 3 à 5 jours

Diagnostic de la tularémie

Le diagnostic rapide va donc reposé sur l’évocation de la maladie et sur un test PCR spécifique qui va mettre en évidence Francisella tularensis

Le test PCR doit être pratiqué au niveau de l’ulcération, dans le cas d’une porte d’entrée cutanée

La sérologie, test immuno-enzymatique (ELISA), ne sera positive qu’après 15 jours environ, les tests sérologiques ne sont donc pas à envisager immédiatement pour le diagnostic.

Des hémocultures seront effectuées également tant que le diagnostic n’est pas fait de façon formelle.

La tularémie fait partie des maladies infectieuses à déclaration obligatoire. Elle devra être faite auprès des autorités, pour la France voici plus d’information sur les 36 maladies à déclaration obligatoires. Cette déclaration permet une surveillance épidémiologique.

Fréquence de la maladie

Des cas ont été rapportés en Europe récemment, suite à des morsures d’écureuils sauvages (1). Le nombre de cas humains a augmenté au cours des dernières années et, par conséquent, la tularémie doit être prise en considération comme diagnostic, en particulier chez un sujet mordu par un animal qui présente également des maux de tête, des douleurs, des ganglions et de la fièvre, ainsi qu’une difficulté à cicatriser.

Vous pouvez avoir des renseignement auprès de votre agence régionale de santé.

Pronostic

Est-ce grave ? Oui, car elle peut être mortelle en l’absence de traitement ou traitement inapproprié. Non, car on a un traitement efficace.

Elle peut être mortelle faute de traitement antibiotique, avec un état septicémique.

Si elle n’est pas traitée, elle peut entraîner des complications graves telles que la pneumonie ou même la mort. Heureusement, il est facile de traiter avec des antibiotiques si diagnostiqués rapidement.

Traitement de la tularémie

Traitement antibiotique

Le traitement est assez simple et très efficace.

Il repose sur un antibiotique de la famille des quinolones ciprofloxacine 500 mg deux fois par jour pendant 14 jours.

A cela peut s’ajouter un traitement symptomatique pour la fièvre, les douleurs…

Bien évidement pas d’automédication, la prescription doit être faite par un professionnel de santé.

Vaccination contre la tularémie

La vaccination fait l’objet de recherches constantes, essentiellement en raison du risque de bioterrorisme lié à Francisella tularensis. La vaccination prophylactique n’est envisagée que pour des populations à risque.

La vaccination curative n’est pas possible.

Il est important de noter qu’il n’y a pas de transmission interhumaine de cette maladie.

Protection et Prévention

Les mesures de prévention sont simples. Les personnes concernées doivent connaitre les principaux vecteurs de transmission.

Il existe quelques façons de prévenir la tularémie. Les chasseurs doivent éviter de manipuler les animaux morts, les viscères à moins d’êtres protégés par des gants, des masques et porter des vêtements couvrants. Les aliments et l’eau doivent être correctement manipulés et cuits. Il faut même porter des masques FFP2 pour éviter des contaminations aérosols dans des régions avec des cas.

Certaines activités professionnelles (boucher, charcutiers…) peuvent également être exposées et doivent prendre des précautions.

La lutte contre les tiques est également importante.

Signes de la tularémie chez les animaux

Les symptômes chez les animaux sont la léthargie, la perte d’appétit et la perte de poids. Dans certains cas, la maladie peut également provoquer une pneumonie ou une inflammation des ganglions lymphatiques. Des plaies au niveau de la peau peuvent être présentes.

Ce sont des signes peu spécifiques extrêmement difficiles à repérer chez des animaux sauvages en liberté. On ne peut que rappeler l’importance de ne pas manipuler des animaux malades ou blessés à main nue et sans protection. Idéalement gants et masques FFP2. Ne pas manipuler à main nue des animaux sauvages morts.

Points clés

  • la tularémie est maladie infectieuse liée à une bactérie, 
  • Contamination essentiellement par la faune sauvage, (lapins, lièvres, écureuils…) fait partie des zoonoses
  • Diagnostic clinique difficile, diagnostic biologique simple, le laboratoire doit être sollicité en cas de doute
  • Peut-être grave sinon traitée
  • Savoir y penser si on a manipulé des animaux sauvages ou en contact avec des tiques
  • Présente en Europe et aux Etats Unis, Canada
  • Traitement simple et efficace si diagnostiqué
  • Sujet de santé publique, maladie à déclaration obligatoire
  • Information du public importante pour une meilleure prévention

Conclusion,

La tularémie même si elle reste peu fréquente est en augmentation, les manifestations cliniques sont trompeuses et peuvent retarder le diagnostic. Il faut savoir y penser et indiquer au médecin si vous pensez être à risque. Si vous soupçonnez que vous pourriez avoir attrapé cette maladie, consultez rapidement un médecin pour obtenir un traitement approprié. La tularémie est causée par une bactérie dangereuse et elle doit être considérée comme une préoccupation de santé publique.

(1) Ulceroglandular form of tularemia after squirrel bite: a case report

Post navigation

1 Commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *