Lipoprotéine Lp(a) a doser une fois dans sa vie.
Le dosage de la lipoprotéine Lp(a) permettrait de dépister les personnes à risque élevé de faire un accident cardiovasculaire, en particulier chez les jeunes. Nous avons tous à l’esprit ces accidents incompréhensibles survenant chez des adultes jeunes. Il s’agit le plus souvent d’accidents cardio-vasculaires très graves voire mortels. En cause un bilan lipidique perturbé qui associé à d’autres facteurs de risque aboutit à une situation grave.
Tout l’enjeu consisterait à doser au moins une fois dans sa vie cette Lipoprotéine lp(a) dès que possible dans l’âge adulte. Si le taux est élevé, la personne est considérée à risque. Un bilan s’impose et une prise en charge pour éviter les complications.
Le dosage de la lipoprotéine a ou Lp(a) n’est pas nouveau, ni son intérêt, mais il n’est toujours pas utilisé en pratique courante. À l’occasion du dernier congrès Européen de cardiologie (ESC – congrès de l’European Society of Cardiology) en septembre 2022, un consensus à été publier, il ramène la lipoprotéine (a) sur le devant de la scène. Le Pr Gilles Lambert (Faculté de Santé – Université de La Réunion ; Laboratoire Inserm UMR1188 DéTROI) co-signataire du consensus de l’EAS à dans une interview dans un journal réservé aux médecins (1) expliqué les principales conclusions et propositions de ce consensus. (2) A travers cet article je vous en fais un résumé sur l’intérêt de ce dosage.
Une lipoprotéine Lp(a) élevé est-elle fréquente ?
Oui, cela est fréquent, on considère que 80% des individus ont un taux normal (dans les pays occidentaux) et 20% des individus ont un taux élevé, et dans ces 20% une partie seulement présente des risques sérieux. Si le taux est très élevé, le risque est très grand. L’ensemble des autres facteurs de risque cardio-vasculaires est à prendre en compte pour une évaluation globale du risque. Ces facteurs de risques sont pour rappel : Obésité, diabète, tabac, sédentarité, hérédité, HTA…
Quelle prise en charge en cas de taux élevé ?
Il faut un bilan complet comprenant en particulier
- l’évaluation des autres facteurs de risque cardiovasculaire
- Une étude sur les atteintes familiales
En fonction des résultats, il faudra proposer des traitements et une hygiène de vie, afin de revenir à un risque plus bas.
La surveillance régulière est bien sûr de mise
Existe-t-il des traitements spécifiques ?
Il est intéressant de noter que le taux de lipoprotéine (a) n’est pas un taux à surveiller comme les LDL (Lipoproteines de faible densité) et souvent appelé “mauvais cholestérol”. C’est pour cela que seul un dosage unique est préconisé.
La lipoprotéine (a) reste encore mystérieuse au niveau de son rôle. Elle jouerait un rôle inflammatoire.
Est-on capable de faire baisser ce taux, et le risque ?
A ce stade on ne peut pas répondre à cette question. Plusieurs laboratoires travaillent sur des traitements spécifiques, le principe étant de proposer des ARN interférents qui provoquent la dégradation des lipoproéines (a) de façon assez spectaculaire, de l’ordre de 90%. Des études sont en cours de réalisation et seront disponibles d’ici 2024. La question reste de savoir si cette baisse du taux, par ces médicaments, va entrainer une diminution du risque cardio-vasculaire, ce qui n’est pas du tout acquis à ce stade.
Faut-il doser la lipoprotéine (a) au moins une fois dans sa vie ? ?
La Lipoproteine Lp(a) est donc un marqueur prédictif très efficace des maladies cardiovasculaires. Il permet de détecter les personnes à risque et de prévenir les maladies cardiovasculaires.
Aujourd’hui et après ce consensus il parait très intéressant de faire un dosage de cette lipoprotéine (a) à une large population. Actuellement ce n’est pas un examen en pratique courante.
Bibliographie
(1) Un nouveau consensus propose un dosage de la lipoprotéine (a) au moins une fois dans la vie – Medscape – 27 sept 2022.
(2) Durlach V, Bonnefont-Rousselot D, Boccara F, et al. Lipoprotein(a): pathophysiology, measurement, indication and treatment in cardiovascular disease. A consensus statement from the Nouvelle Société francophone d’athérosclérose (NSFA). Arch Cardiovasc Dis 2021;114:828-47.
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