Dépistage cancer de la prostate : dosage des PSA ?

Pourquoi le dosage des PSA comme dépistage du cancer de la prostate ne fait pas l’unanimité ?

Le principe est simple : mesurer le niveau d’antigène spécifique de la prostate (PSA) dans le sang avant l’apparition des symptômes d’un cancer de la prostate.

L’application est plus complexe et fait débat. À ce jour ce test ne fait pas partie des dépistages en masse. Les sociétés savantes et les autorités sanitaires (HAS Haute autorité de la Santé) peine à trouver un consensus.

A cela plusieurs raisons :

• Les études n’ont pas permis de démontrer de façon claire la différence en termes de mortalité par cancer de la prostate dans des groupes ayant bénéficié de dépistage et d’autres sans
• Un taux élevé ne signe pas obligatoirement un cancer, et peut entrainer des examens complémentaires inutiles et qui ne sont pas anodins, biopsie par exemple
• l’absence de population à risque identifiée

Néanmoins ce dosage a un intérêt et si vous avez l’âge et il vous sera probablement proposé par votre médecin dans le cadre d’un bilan de santé.

Le cancer de la prostate reste le principal cancer pour l’homme, 50 000 cas par an. Il est un cancer de bon pronostic, avec un taux de survie à 5 ans à plus de 90%  un dépistage précoce donne plus de chances.

En quoi consiste le dosage des PSA ?

Le dosage des PSA est un test sanguin pour mesurer le niveau d’antigène spécifique de la prostate (PSA) dans le sang.

Ce dosage nécessite quelques précautions pour ne pas fausser le résultat :

• Abstinence sexuelle dans les 48 heures avant le dosage
• Absence de toucher rectale, d’échographie trans rectale ou biopsie, 10 jours avant le dosage
• La prise de finastéride (pour la chute des cheveux) modifie les taux, il faut en tenir compte et prévenir le laboratoire

Le laboratoire va vous rendre 2 résultats :

1 – les taux de PSA

Il varie avec l’âge

• Homme de moins de 60 ans : < 4 ng/ml est la valeur seuil, au-delà risque de cancer
• Homme entre 60 et 70 ans augmentation de 3,2 % Par an admis
• Homme de plus de 70 ans : < 6,5 ng/ml est la valeur seuil, au-delà risque de cancer

2 – Rapport PSA Libre / PSA Total

La majeur partie du PSA va circuler associé à des protéines, seule une petite partie, environ 15 à 30 % circulent librement.
Ce PSA libre est spécifique du tissu bénin. Donc si cette partie libre est très faible cela est un argument en faveur d’un cancer.

Le rapport PSA libre / PSA total doit être supérieur > 0,15

• si < 0,15 cancer
• si > 0,20 Adénome de la prostate (bénin)

Interprétation des résultats et diagnostic de cancer

Comme je l’ai expliqué en introduction, le dosage n’est pas forcément indiqué en l’absence de signes cliniques

• PSA compris entre 4 ng/ml et 10 ng/ml et une augmentation de la prostate au toucher rectal impose des investigations complémentaires (échographie transrectale, biopsie transrectale) pour faire la différence entre un adénome et un cancer.
• Ai delà de 10 ng/ml le risque de cancer est important : 80%

Dans tous les cas, un diagnostic ne se pose pas sur un seul résultat biologique, et une discussion avec votre médecin permettra de proposer les examens complémentaires pour assurer un diagnostic.
Un diagnostic de cancer a un stade précoce ayant bien évidemment plus de chances de guérisons.

Modification des taux de PSA

Dans certaines situations le taux de PSA peut être modifié, et il est important de connaitre ces situations qui sont souvent évoquées, mais au final sans grande modifications sur les taux.

Il faut bien garder à l’esprit que le taux des PSA peut varier dans la journée, plus élevé le matin que le soir par exemple, et donc pour un même patient le taux peut varier d’un dosage à l’autre sans signification particulière.

PSA et pratique du sport

Le taux des PSA est à mettre en relation avec la testostérone. Sa synthèse est liée à la testostérone. Cela a des effets sur la pratique du sport. On a souvent évoqué la pratique du vélo comme responsable des taux élevés de PSA. en effet après plusieurs études, dont les résultats sont contradictoires, on admet que le vélo ne va pas élever en tant que pratique sportive les taus de PSA, mais c’est l’effort physique, en relation à la production de testostérone.

Vélo et PSA

On vient d’évoquer la relation entre l’effort et le vélo, il n’y a pas de relation.

On évoque aussi la possibilité de traumatisme de la prostate par la selle du vélo. Il est prouvé que les selles de velo ne provoque aucune compression de la prostate qui est très profonde. Par contre la selle de vélo peut provoquer des dysfonctionnements érectiles chez l’homme.

Pour éviter toute discussion, on peut conseiller de ne pas faire de vélo de façon importante dans les 3 jours avant un dosage des PSA

Toucher rectal et PSA

Le toucher rectal ne modifie pas le taux des PSA.

Le massage prostatique ne provoque une élévation que chez 6 % des patients. Il faut l’éviter dans les 3 jours précédent un dosage.

Par contre une biopsie de la prostate va provoquer des perturbations importantes des PSA

Le dépistage du cancer de la prostate pour qui ?

Il n’y a pas de profils à risque, mais voici les critères

1 – En cas d’absence de signes cliniques

• Homme de plus de 50 ans
• Homme avec une survie de plus de 10 ans
• Antécédents familiaux de cancer de la prostate

Ce sont les principaux critères.

La fréquence de dosage est de 2 et 4 ans

2 – An cas de signes cliniques

• Si anomalie au toucher rectal : c’est un examen peu agréable pour le patient, mais il est anodin et très efficace pour un dépistage

Les signes cliniques sont atypiques, mais doivent inciter à un dosage :

• Troubles de la miction (la miction est le terme médical pour uriner) :
  • Difficultés à uriner,
  • fréquence élevée du besoin d’uriner le jour et la nui (pollakiurie)…
  • Miction anormale, sensation de ne pas vider sa vessie…
• Incontinence urinaire
• Présence de sang dans les urines ou dans l’éjaculation (rare)
• Troubles de l’érection

En cas de signes, un examen clinique et un dosage sont recommandés. Il peut s’agir d’un simple adénome bénin de la prostate, mais aussi d’un cancer

Conclusion

Le dosage du PSA est un examen intéressant pour un dépistage précoce. Comme toujours en médecine, il faut interpréter les résultats en fonction du contexte et ne pas vouloir être invasif avec des examens complémentaires.

On peut dire qu’il fait tout de même partie des examens d’un bilan d’un sénior. L’examen est toujours remboursé (le déremboursement avait été évoqué un moment)

Alors messieurs, prenez soin de votre prostate !