Édulcorant et diabète : sont-ils vraiment bénéfiques pour les diabétiques de type 2 ?

Introduction

Les édulcorants artificiels, souvent proposés comme alternatives aux sucres pour les personnes atteintes de diabète de type 2 (T2D), suscitent de nombreuses controverses. L’idée est au départ simple et séduisante : se faire plaisir avec des boissons et aliments sucrés mais sans prendre de calories ! Sur cette équation simple les boissons light connaissent un très grand succès. Mais est ce que leur utilisation régulière présente des risques ? en particuliers pour les patients diabétiques de type 2, les plus exposés au risque des calories et du sucre ?  Les intérêts de cette industrie du light sont énormes, et du fait des conflits d’intérêt sont fréquents, rendant difficile l’appréciation du risque, surtout sur le long terme. Nous allons essayer de faire un point sur ce sujet, en se basant sur des études et articles récents.

Le diabète de type 2

Comprendre le diabète de type 2 et les enjeux liés à la consommation de sucre

Le diabète de type 2 (T2D) est une maladie métabolique caractérisée par une résistance à l’insuline et une incapacité du corps à utiliser efficacement le glucose comme source d’énergie. Cela conduit à une hyperglycémie, ou taux de sucre élevé dans le sang. Cette condition est souvent liée à des facteurs de mode de vie tels que l’obésité, le manque d’activité physique et une alimentation riche en calories et en sucres.

Les enjeux diététiques

La gestion du diabète de type 2 repose en grande partie sur le contrôle de l’alimentation. Un des principaux défis pour les personnes atteintes de T2D est de réduire leur consommation de sucre, car les aliments et boissons riches en sucre peuvent provoquer des pics de glycémie. Les sucres ajoutés dans les aliments transformés et les boissons sucrées sont particulièrement problématiques. Pour cette raison, les patients sont souvent conseillés de :

• Limiter les aliments riches en sucres simples : comme les bonbons, les pâtisseries, et les boissons gazeuses.
• Privilégier les glucides complexes : comme les céréales complètes, les légumes et les légumineuses, qui sont digérés plus lentement et ont un impact moins prononcé sur la glycémie.
• Surveiller l’indice glycémique des aliments : pour choisir ceux qui ont un impact moindre sur la glycémie.

Les taux de glycémie et la santé

Maintenir des taux de glycémie stables est crucial pour les personnes atteintes de diabète de type 2 afin de prévenir les complications à long terme, qui peuvent inclure :

• Complications cardiovasculaires : Un taux de glycémie élevé et constant peut endommager les vaisseaux sanguins et augmenter le risque de maladies cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux.
• Problèmes rénaux : L’hyperglycémie chronique peut endommager les reins, entraînant une néphropathie diabétique.
• Dommages nerveux : Aussi connus sous le nom de neuropathie, ces dommages peuvent provoquer des douleurs, des engourdissements et des problèmes digestifs.
• Complications oculaires : Le diabète peut mener à des problèmes de vision et même à la cécité par le biais de la rétinopathie diabétique.

Conduite à tenir

La gestion du diabète de type 2 implique une attention constante à la consommation de sucre et au contrôle de la glycémie. Une alimentation équilibrée, riche en fibres et pauvre en sucres simples, combinée à une activité physique régulière, est essentielle pour maintenir une glycémie stable et prévenir les complications associées à cette maladie chronique. Les édulcorants artificiels, bien qu’ils puissent offrir une alternative, doivent être utilisés avec prudence et sous surveillance médicale en raison des possibles effets à long terme qui restent controversés.

Nous avons consacré un article sur les plantes utiles pour soigner le diabète

Les bénéfices potentiels des édulcorants artificiels

Réduction de l’apport calorique

• Les édulcorants artificiels contiennent peu ou pas de calories.

• Ils peuvent aider à réduire l’apport calorique global, bénéfique pour le contrôle du poids.

Substitution au sucre

• Permet de consommer des aliments sucrés sans les effets néfastes du sucre sur la glycémie.

• Alternatives acceptables pour les diabétiques lorsqu’ils sont consommés avec modération.

Controverses et préoccupations

Effets métaboliques négatifs

• Risques accrus de T2D et maladies cardiovasculaires : Certaines études montrent que les édulcorants artificiels pourraient être associés à des effets métaboliques négatifs similaires à ceux causés par le sucre.

• Problèmes de santé similaires aux boissons sucrées : La consommation régulière d’édulcorants artificiels pourrait augmenter les risques de T2D, d’hypertension et d’AVC.

Impact sur le microbiote intestinal

• Altération des bactéries intestinales : Des recherches ont montré que des édulcorants comme le sucralose peuvent altérer les bactéries intestinales et affecter la tolérance au glucose.

• Réponses personnalisées : Les effets des édulcorants peuvent varier en fonction du microbiote de chacun.

Risques pour la santé

• Effets toxiques et inflammatoires : Des études récentes ont associé la consommation de sucralose à divers effets néfastes sur la santé, y compris l’inflammation systémique et les perturbations du microbiote intestinal.

• Présence dans le lait maternel : La persistance du sucralose dans le corps et sa présence dans le lait maternel soulèvent des préoccupations quant à l’exposition prénatale et néonatale.

Les différentes substances et les risques associés

Voici un tableau qui répertorie les différentes familles d’édulcorants et une appréciation sur les risques pour la santé associés à chacune :

Famille d’édulcorants	Exemples	Appréciation sur les risques pour la santé
Édulcorants artificiels	Aspartame, Sucralose, Saccharine, Acesulfame K	Risques potentiels de maladies métaboliques (T2D, maladies cardiovasculaires), perturbations du microbiote intestinal, inflammations.
Polyols (sucres-alcools)	Sorbitol, Xylitol, Erythritol, Mannitol	Généralement bien tolérés, mais peuvent causer des troubles gastro-intestinaux en cas de consommation excessive. Pas de calories significatives.
Édulcorants naturels	Stevia, Glycyrrhizine, Thaumatine	Stevia est généralement bien toléré avec peu d’effets secondaires rapportés. Cependant, les autres peuvent avoir des effets indésirables en cas de surconsommation.
Nouveaux édulcorants	Advantame, Neotame	Moins de données disponibles, mais similaires aux édulcorants artificiels traditionnels avec des préoccupations concernant les effets métaboliques et les perturbations intestinales.
Édulcorants nutritifs	Fructose, Agave, Miel	Apportent des calories et peuvent augmenter la glycémie. Le fructose en excès peut provoquer une résistance à l’insuline et des problèmes hépatiques.

Détails des appréciations :

• Édulcorants artificiels : Bien que leur utilisation puisse aider à réduire la consommation de sucre, ils sont associés à des risques de perturbations métaboliques et à des effets indésirables sur le microbiote intestinal. Des études montrent des risques accrus de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires avec une consommation à long terme.
• Polyols (sucres-alcools) : Ces édulcorants sont généralement considérés comme sûrs, mais une consommation excessive peut entraîner des effets laxatifs et des troubles gastro-intestinaux comme les ballonnements et les diarrhées. Ils n’élèvent pas la glycémie de manière significative, ce qui est bénéfique pour les diabétiques.
• Édulcorants naturels : Stevia, par exemple, est largement utilisé et bien toléré. Cependant, certains édulcorants naturels peuvent provoquer des effets indésirables à haute dose. Il est toujours recommandé de les consommer avec modération.
• Nouveaux édulcorants : Advantame et Neotame sont des édulcorants très puissants avec des effets encore peu documentés à long terme. Ils sont similaires aux édulcorants artificiels traditionnels et soulèvent des préoccupations quant à leur sécurité métabolique.
• Édulcorants nutritifs : Ces édulcorants apportent des calories et peuvent augmenter la glycémie, ce qui les rend moins adaptés pour les personnes diabétiques. Une consommation excessive de fructose, notamment, peut entraîner des problèmes de santé comme la résistance à l’insuline et les maladies hépatiques.

Ce tableau résume les différentes familles d’édulcorants et leurs impacts potentiels sur la santé, soulignant l’importance de la modération et de la consultation médicale pour choisir les options les plus sûres.

Vous trouverez des informations détaillées sur les édulcorants dans un article détaillé que nous avons consacré à ce sujet, et également sur les risques cancérigènes de l’aspartam

Résumés des études clés

Conflit d’intérêts : Elle a été licenciée après avoir refusé de recommander aux diabétiques les salades remplies de Splenda. 

She was fired after not endorsing Splenda-filled salads to people with diabetes. Why? | US news | The Guardian – Source : The Guardian

Cet article relate le licenciement d’Elizabeth Hanna par l’American Diabetes Association (ADA) après qu’elle ait refusé d’approuver des recettes contenant des quantités importantes de Splenda. Hanna affirme que ces recettes allaient à l’encontre de la mission de l’ADA. L’article met en lumière les conflits d’intérêts au sein de l’ADA, qui reçoit des fonds de l’industrie alimentaire et pharmaceutique, soulevant des questions sur l’intégrité des recommandations nutritionnelles de l’organisation.

Des substituts de sucre pas très sains ? – ScienceDirect

Not-so-healthy sugar substitutes? – ScienceDirect – Source : ScienceDirect

Cet article examine les effets des boissons sucrées artificiellement. Bien que proposées comme alternatives aux boissons sucrées, ces boissons n’apportent pas les bénéfices escomptés. Elles sont associées à une augmentation des risques de T2D, de maladies cardiovasculaires, d’hypertension et d’AVC. Des études suggèrent des mécanismes biologiques pouvant expliquer ces effets négatifs. La réduction de la consommation de tous les édulcorants pourrait améliorer les résultats de santé publique.

L’OMS recommande de ne pas utiliser d’édulcorants non sucrés pour contrôler le poids dans une nouvelle ligne directrice

WHO advises not to use non-sugar sweeteners for weight control in newly released guideline – Source : WHO

L’OMS déconseille l’utilisation des édulcorants non sucrés pour contrôler le poids ou réduire les risques de maladies non transmissibles. Les preuves disponibles suggèrent que ces édulcorants n’apportent aucun bénéfice à long terme en matière de réduction de la masse graisseuse et pourraient augmenter les risques de T2D, de maladies cardiovasculaires et de mortalité chez les adultes.

Directive de l’OMS sur l’utilisation des édulcorants non sucrés

WHO guideline on the use of non-sugar sweeteners – Source : European Journal of Clinical Nutrition

Cet article critique la directive de l’OMS sur les édulcorants non sucrés. Les auteurs soutiennent que la directive s’appuie principalement sur des études de cohortes prospectives, sujettes à des biais et ne pouvant établir de causalité. Ils plaident pour une réévaluation des preuves, en mettant l’accent sur les essais randomisés contrôlés montrant des bénéfices des ENS pour la perte de poids et les résultats cardiométaboliques.

Recommandations et perspectives

Modération

• Consommation modérée : Les experts s’accordent sur le fait que la consommation modérée d’édulcorants artificiels pourrait être acceptable.

• Prudence : La prudence est recommandée jusqu’à ce que des preuves supplémentaires soient disponibles.

Besoin de recherches supplémentaires

• Études à long terme : Il est essentiel de mener des études à long terme pour comprendre pleinement les impacts des édulcorants artificiels.

Alternatives sans sucre

• Eau pétillante et autres alternatives : Certains experts encouragent les patients à choisir des alternatives sans sucre, comme l’eau pétillante, au lieu des sodas artificiellement sucrés.

Conclusion

L’efficacité et la sécurité des édulcorants artificiels pour les personnes atteintes de diabète restent débattues. Bien qu’ils puissent offrir une alternative au sucre, leurs effets à long terme et leur impact sur la santé nécessitent une évaluation plus approfondie. La modération et une approche prudente semblent être les meilleures recommandations actuelles. Les personnes atteintes de diabète devraient consulter leurs médecins pour des conseils personnalisés basés sur leur condition spécifique et leurs habitudes alimentaires. N’hésitez pas à suivre nos articles sur la nutrition pour des conseils utiles !