Nous savons tous que notre hygiéne de vie a un impact sur notre santé, mais il est parfois utile, voire nécessaire de le prouver pour aboutir à des conseils documentés. C’est désormais chose faite pour les repas : les retarder d’une heure ou plus aura des conséquences cardiovasculaires, surtout chez les femmes.
Dans une ère où le rythme de vie s’accélère, les horaires des repas deviennent de plus en plus flexibles et parfois chaotiques, influençant ainsi notre santé de manière inattendue. Une récente étude menée par Anna Palomar-Cros et ses collègues, publiée dans Nature, révèle un lien entre le timing des repas et l’augmentation du risque de maladies cardiovasculaires (CVD), en particulier chez les femmes. Cet étude se base sur une autre étude prospective de grand ampleur, qui est française : NutriNet-Santé, qui a suivi 103 389 adultes en France, a permis de dégager des associations significatives entre l’heure du premier et du dernier repas de la journée et le risque accru de maladies cardiovasculaires, soulignant ainsi l’importance des rythmes circadiens dans la prévention de ces maladies.
Méthodologie
L’investigation, qui a inclus 103 389 individus avec une moyenne d’âge de 42,6 ans, dont 79 % étaient des femmes. Elle s’est déroulée dans le cadre de la recherche NutriNet-Santé en France, visant à déchiffrer le lien entre alimentation et bien-être.
Les volontaires ont fourni des données socio-démographiques, sur leur mode de vie, activité physique, ainsi que des précisions sur leurs habitudes de consommation alimentaire journalière, tout en notifiant les incidents de santé cardiaque.
L’étude a scruté la corrélation entre les horaires des repas, la fréquence des prises alimentaires, la périodicité du jeûne nocturne et le risque de maladies cardiovasculaires, en prenant en compte de multiples variables confondantes telles que l’âge, le sexe, l’éducation, les revenus, les habitudes tabagiques et l’exercice physique.
Sur un suivi moyen de 7,2 ans, l’étude a répertorié des cas de pathologies cardiovasculaires, cérebrovasculaires et coronariennes, mettant en évidence un danger accru lié à des heures de repas tardives et une diminution du risque associée à une extension du jeûne nocturne.
Conclusions de l’étude
- Chaque heure supplémentaire de retard par rapport à l’heure du premier repas de la journée a été associée à un risque plus élevé de maladie cardiovasculaire globale (rapport de risque [HR], 1,06 ; IC à 95 %, 1,01-1,12 ; P = 0,02), l’association étant plus forte chez les femmes que chez les hommes.
- Chaque heure supplémentaire de retard par rapport à l’heure du dernier repas était associée à un risque accru de maladie cérebrovasculaire ; dans ce cas, un dernier repas pris après 21 heures était associé à un risque 28 % plus élevé qu’un repas pris avant 20 heures (HR, 1,28 ; IC à 95 %, 1,05-1,55 ; P < 0,01).
- Il n’y avait pas d’association entre le nombre d’occasions de manger et l’ensemble des maladies cardiovasculaires ou cérebrovasculaires, ni entre l’heure des repas ou le nombre d’occasions de manger et le risque de maladie coronarienne.
- Chaque heure supplémentaire de jeûne nocturne était associée à une réduction de 7 % du risque de maladie cérebrovasculaire (HR, 0,93 ; IC à 95 %, 0,87-0,99 ; P = 0,02), mais pas du risque de maladie cardiovasculaire globale ou de maladie coronarienne.
Limites de l’étude
Le nombre de facteurs pouvant influencer les résultats sont importants, comme les insomnies, l’utilisation de drogues, l’exposition solaire, l’heure des activités physiques… la liste est longue. Cette étude semble toutefois conforter ce qui semble être du bon sens.
Ce qu’il faut en retenir en pratique
Il semble que pour le repas du soir, chaque heure de retard augmente le risque cardiovasculaire, et surtout chez les femmes
Pour le petit déjeuner, cela est plus compliqué : le retard va augmenter le risque cardiovasculaire, mais pas le risque d’accident cérebrovasculaire et d’AVC. Donc pour ce qui pratiquent le jeune intermittent, et sautent le petit déjeuner, ils augmentent leur risque cardio vasculaire, mais diminue le risque Cérebrovasculaire et d’AVC !
Cette étude rappelle l’importance de la chronobiologie
La chronobiologie est l’étude des rythmes biologiques et des cycles internes des êtres vivants. Elle examine comment les processus physiologiques sont synchronisés avec les cycles environnementaux, comme le cycle jour-nuit. En pratique, la chronobiologie est importante car elle peut influencer le moment optimal pour manger, dormir, faire de l’exercice et prendre des médicaments. Cela a des implications pour le traitement des maladies, la gestion du poids, la performance athlétique et la santé mentale, car la synchronisation des activités avec notre horloge biologique interne peut améliorer l’efficacité et le bien-être.
Références :
Delayed Meals Tied to Increased CVD Risk – Medscape – January 10, 2024.
Palomar-Cros, A., Andreeva, V.A., Fezeu, L.K. et al. Dietary circadian rhythms and cardiovascular disease risk in the prospective NutriNet-Santé cohort. Nat Commun 14, 7899 (2023). https://doi.org/10.1038/s41467-023-43444-3
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